Le nouveau centre d'enregistrement des réfugiés d'Ukraine installé au Palais 8 du Heysel à Bruxelles est opérationnel depuis lundi matin. Les citoyens ukrainiens qui fuient la guerre peuvent y recevoir le statut de protection temporaire européen.
Dès l'aube, des centaines de personnes se sont pressées devant les grilles qui délimitent l'accès à ce centre dans lequel quelque 230 agents de Fedasil et de l'Office des étrangers ainsi que membres de la Croix-Rouge de Belgique s'affairent pour remplir à la fois les formalités administratives, trouver un hébergement et procurer des soins si nécessaire.
Le centre du Heysel a remplacé la structure mise en place à l'ancien Institut Bordet qui a rapidement été dépassé par l'afflux de réfugiés. Depuis le 3 mars, 6.048 réfugiés venus d'Ukraine ont été enregistrés. Les personnes accueillies, en majorité des femmes avec des enfants et des personnes âgées, sont admises par grappes et envoyées vers l'un des 42 bureaux d'enregistrement. Certaines d'entre elles disposent déjà d'une possibilité d'hébergement en Belgique. Pour d'autres, un "back office", sorte de centre d'appels, tente de trouver des places auprès des communes. Si aucune place n'est trouvée rapidement, Fedasil a p révu un hébergement de crise. A ce jour, 2.059 personnes en ont bénéficié.
L'accueil de ces réfugiés constitue un défi sans précédent. Quelque 200.000 personnes pourraient ainsi se réfugier en Belgique, selon les estimations fournies par le secrétaire d'Etat à l'Asile, Sammy Mahdi (CD&V), soit bien plus que l'afflux de réfugiés de Syrie en 2015. La structure institutionnelle belge sera mise à l'épreuve.
"On n'a pas le choix, on doit se donner la main", a souligné M. Mahdi. Vu le statut particulier de ces réfugiés, qui ne sont pas des demandeurs d'asile et peuvent circuler et travailler au sein de l'Union européenne, leur enregistrement et leur accueil d'urgence dépendent du fédéral tandis que le problème de leur logement incombe aux Régions et aux communes. Jusqu'à présent, Fedasil dit trouver du répondant auprès des pouvoirs locaux mais est tributaire de quelques contraintes, comme les heures d'ouverture de certaines administrations communales. L'hébergement d'urgence repose pour le moment sur environ 400 places à Bruxelles. L'objectif serait d'arriver à 5.000.
Un centre de soins a été installé par la Croix-Rouge. Lundi après-midi, il avait reçu 33 personnes, essentiellement pour des problèmes légers ou des cas de malades chroniques qui n'ont plus pu recevoir leur traitement pendant plusieurs jours. A terme, la Croix-Rouge souhaite installer un poste médical avancé à l'extérieur du centre pour prendre en charge les problèmes éventuels de personnes qui patientent parfois de longues heures avant d'être admises.
A entendre le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, la Belgique a joué un rôle important dans les initiatives prises à l'échelon européen pour accueillir les réfugiés. "Vous, les Belges, vous faites preuve d'une solidarité exemplaire", a-t-il souligné lundi à l'occasion d'une visite du centre aux côtés du secrétaire d'Etat, de la ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), et du bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS).
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