Dix ans plus tard, Solidaris a refait une grande étude sur la consommation de médicament suite à une entrée en maison de repos. Surprise, la consommation de médicament est en nette diminution comme l’explique Jérôme Vrancken data analyst du département étude de Solidaris qui avait déjà réalisé l’analyse de 2013
« Dans cette étude, nous avons examiné la consommation de médicaments d’une cohorte de plus de 3.700 affiliés Solidaris âgés de 70 ans et plus entrées en maison de repos au 1er semestre 2021, six mois avant et six mois après leur institutionnalisation. Nous avons été heureusement surpris dans le bon sens par la diminution de la consommation de médicament. Cela permet aussi de belles économies au budget des soins de santé. »
Quelques chiffres marquants
L’étude montre qu’en moyenne, une personne en maison de repos prend 772 DDD (nombre de doses quotidiennes) au cours des 6 mois suivant son institutionnalisation, contre 943 DDD 6 mois avant son institutionnalisation (-18%). Ce constat diffère sensiblement de ce que l’on pouvait observer il y a une dizaine d’années quand l’entrée en maison de repos se traduisait par une consommation globale de médicaments relativement stable (-2%).
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette tendance : entre autres, l’introduction de la tarification à l’unité (cf. par comprimé) dans les maisons de repos en 2015, la possibilité de préparation de médication individuelle depuis 2012... mais aussi la sensibilisation accrue concernant une meilleure utilisation du médicament et la formation des médecins coordinateurs et conseillers dans les maisons de repos.
Au niveau de la polymédication, en moyenne, les affiliés se voient prescrire 8 classes de médicaments différentes suite à l’entrée en maison de repos, contre 9 lorsqu’ils étaient à domicile. À noter que 10% d’affiliés prennent jusqu’à 14 classes de médicaments différentes après l'entrée en maison de repos contre 15 à domicile.
Les changements en maison de repos
Les personnes en maison de repos se voient prescrire des changements dans leurs traitements:
- 38% des personnes en maison de repos prennent des antidépresseurs (au moins 30 doses quotidiennes sur six mois) contre 35% lorsqu’elles étaient chez elles (+9%). Parmi elles, 1 personne sur 4 a commencé à prendre des antidépresseurs après l’entrée en maison de repos.
- 11% des personnes en maison de repos prennent des antipsychotiques, ce pourcentage étant de 10% lorsqu’elles étaient à domicile. La moitié des personnes en maison de repos sous antipsychotiques a commencé à les prendre après leur institutionnalisation.
- 32% des personnes en maison de repos prennent des statines contre 39% auparavant, (-18%). Ainsi, 27% des personnes prenant des médicaments pour réduire le taux de cholestérol arrêtent leur traitement après leur arrivée en maison de repos.
- 61% des personnes en maison de repos prennent des antithrombotiques contre 68% lorsqu’elles étaient à domicile (-18%). Plus d’1 personne sur 5 prenant des antithrombotiques arrêtent leur traitement après l'arrivée en maison de repos.
Le rôle renforcé du médecin coordinateur
Le rôle du médecin coordinateur est important dans cette diminution selon Jérôme Vrancken: « Le médecin coordinateur est vraiment bien positionné pour discuter et observer même s’il ne peut pas modifier les traitements. »
Solidaris propose que le Médecin coordinateur soit chargé d’organiser et d’assurer des activités de formation continue à l’intention du personnel de l'institution, par exemple une fois par an, dans l’objectif de le sensibiliser sur une thématique précise relative à la prescription du médicament (prescription des médicaments « evidence based », utilisation de guidelines ou de critères standards reconnus comme la liste Stopp et Start , etc.). Il devrait aussi penser à une plus grande attention portée au bien-être en améliorant l’approche non-pharmacologique afin de réduire la consommation de médicaments.
Un nouveau rôle : le pharmacien coordinateur
Pour Solidaris, comme la question du médicament est centrale, le pharmacien pourrait aussi intervenir : « Son expertise en terme d’interactions médicamenteuse peut apporter une amélioration de la prise globale des médicaments du patient. »
La Flandre a déjà franchi le pas en ce sens comme le rappelle Solidaris : « la maison de repos peut s'appuyer sur un pharmacien coordinateur et conseiller (par exemple, celui qui délivre les médicaments à l’institution) pour organiser la prise en charge pharmaceutique des résidents . A noter que Multipharma vient également tout récemment d’annoncer l’introduction des PCC dans les maisons de repos et de soins et autres institutions de soins avec qui ils travaillent . »
Mieux suivre les patients en dehors des maisons de repos
Pour Solidaris, la médication « sur mesure » répondant aux besoins individuels du patient âgé – via la préparation de médication individuelle ainsi que la tarification à l’unité - pourrait être étendue aux personnes vivant à domicile. Cela permettrait d’éviter le gaspillage en adaptant la distribution aux besoins individuels mais aussi de donner au pharmacien et au médecin traitant une vue précise sur l’historique thérapeutique du patient pour assurer un meilleur suivi et éviter l’utilisation abusive/contre-indiquée de médicaments.
> Découvrir l'étude de Solidaris
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