L'avant-projet de loi relatif "aux mesures de police administrative lors d'une situation d'urgence épidémique", mieux connu sous l'appellation générique "loi pandémie" ne constitue pas une base légale valable pour le traitement des données qui pourrait être effectué dans le cadre de la mise en place des mesures de police. Il donne lieu à "une violation des principes de légalité et de prévisibilité". "Il doit être revu", juge l'Autorité de Protection des Données.
Pire, considère la philosophe Valérie Kokoszka sur twitter, "la "loi pandémie" permettrait une surveillance ahurissante des citoyens belges et de leur vie privée" (bracelet électronique, plaque d'immatriculation reconnaissance faciale, etc). Elle autoriserait le recoupement avec toutes les autres bases de données fiscales, sociales, médicales, pénales"
A la veille de l'ouverture des débats en commission parlementaire sur ce texte mis sur la table par la ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden (CD&V), l'Autorité rappelle que "toute ingérence dans le droit au respect de la protection des données à caractère personnel, en particulier lorsque l'ingérence s'avère importante, n'est admissible que si elle est nécessaire et proportionnée à l'objectif qu'elle poursuit et qu'elle est encadrée par une norme ((loi, décret ou ordonnance) suffisamment claire et précise et dont l'application est prévisible pour les personnes concernées."
Selon cette instance, la loi doit décrire clairement et précisément les finalités déterminées, explicites et légitimes des traitements de données à caractère personnel; le ou les responsables de chaque traitement de données à caractère personnel; les données à caractère personnel qui seront traitées; les catégories de personnes concernées dont les données à caractère personnel seront traitées; les catégories de destinataires des données à caractère personnel ainsi que les raisons pour lesquelles ils recevront les données et les usages qu'ils en feront; le délai de conservation maximal d es données à caractère personnel enregistrées.
Dans la mesure où la loi définit ces éléments essentiels, les détails et modalités de ces traitements de données peuvent être précisés par arrêté-royal, moyennant une délégation claire et précise effectuée par la loi.
"L'avant-projet de loi ne définit pas les éléments essentiels et délègue à l'exécutif la tâche de les définir.. il qualifie de « modalités » les éléments essentiels des traitements de données qu'il entend autoriser, alors qu'il s'agit d'éléments essentiels qui doivent être définis par le législateur", déplore l'APD.
L'avant-projet né définit pas non plus les catégories de personnes dont les données pourront être traitées.
Il ne reprend pas une liste de catégories de données qui pourront être traitées sans toujours préciser par quelle(s) autorité(s), dans le cadre de quel(s) traitement(s) ni à quelle(s) fin(s).
Le texte ne mentionne pas "quelle(s) autorité(s) endossera/ont la qualité de responsable du traitement pour les traitements de données qu'il entend autoriser au travers de cet avant-projet.
L'Autorité estime par ailleurs qu'"il est difficile malgré une description apparemment claire des finalités de surveillance et de contrôle, d'en comprendre l'objectif précis".
"L'avant-projet semble en outre vouloir opérer une extension d'office et en bloc des possibilités d'utilisation de données contenues dans toutes les banques de données en possession de toutes les autorités publiques belges", lit-on encore dans l'avis rendu mardi.
Plus largement, l'Autorité estime que "l'avant-projet, en ce qu'il remet à plus tard (ndlr: et via l'exécutif), la définition de tous les éléments essentiels des traitements de données qu'il souhaite autoriser en bloc, ne permet pas aux élus d'appréhender le caractère légitime et proportionné de ces traitements de données".
> Lire l'avant-projet de la loi pandémie
Lire aussi: Loi pandémie : Verlinden s'engage à prendre en compte les remarques, dont celles de l'APD
La "loi pandémie" permettrait une surveillance ahurissante des citoyens belges et de leur vie privée (bracelet électronique,plaque d'immat, reconn. faciale, etc). Elle autoriserait le recoupement avec toutes les autres bases de données fiscales, sociales, médicales, pénales
— Valérie Kokoszka (@vkokoszka) March 2, 2021
pic.twitter.com/KJyCgZpDzb
Tel qu'il est conçu, cet avant-projet est si flou qu'il ne permet pas le débat au Parlement "qui garantit le fonctionnement démocratique de notre état de droit"
— Valérie Kokoszka (@vkokoszka) March 2, 2021
pic.twitter.com/NJT0kHevNs
Source : Autorité de protection des données, chargée de rendre avis sur l'avant-projet de loi .
— Valérie Kokoszka (@vkokoszka) March 2, 2021
Avis disponible ici : https://t.co/ivuxUoUwyB@catherinefonck @haese @j_detoeuf @OrbanDoc @JdS_SK @vliesante @quatremer @defi_eu @GLBouchez @PSofficiel
La légèreté démocratique avec laquelle cet avant-projet a été conçu est inacceptable. La pandémie ne peut faire de la démocratie belge, du fonctionnement de ses instances, et de la protection des droits de ses citoyens, des victimes collatérales.
— Valérie Kokoszka (@vkokoszka) March 2, 2021
Non consentantes.
C’est effectivement une loi « permis de tout faire ou presque ». Yc longtemps. Via un petit cercle décisionnel. Sans validation des restrictions des libertés et droits fondamentaux par le parlement.
— Catherine Fonck (@catherinefonck) March 2, 2021
Je suis effaré de ce que je lis et me suis dit: on est le 1er avril chez Verlinden? C’est une blague ? on y renifle assez clairement une odeur sourde et désagréable d’autoritarisme.
— Dr Thomas Orban - L’Union fait la Force (@OrbanDoc) March 2, 2021