Dans une interview exclusive, Marcel Van der Auwera, le directeur du département de l'aide médicale urgente au SPF Santé publique, passe en revue quelques points importants à connaître sur la façon dont les soins s’organisent pour les réfugiés ukrainiens. Du heysel à l’hôpital en passant par le cabinet du généraliste.
« La solidarité des hôpitaux belges est énorme et il faut le dire. Tout le monde est prêt. » Le directeur du département de l'aide médicale urgente au SPF Santé publique, Marcel Van der Auwera, travaille sans relâche à la coordination des aides pour les réfugiés ukrainiens. 150 lits sont prêts dans les hôpitaux et une équipe médicale de la Croix-Rouge payée par le SPF santé avec un généraliste, un infirmier et quelques secouristes est en permanence au Heysel.
“Notre but est de détecter les urgences. Chaque jour deux à trois patients sont envoyés dans un service d'urgence pour un contrôle plus approfondi. Nous avons aussi des patients atteints de maladie chronique à qui ils manquent des médicaments ou une prescription. L’équipe du Heysel prend cela en charge en première ligne.” Après Fedasil reprend la main et dispatche les réfugiés sur le territoire.
Vaccination et médecin généraliste
Il attire aussi l’attention sur le taux de vaccination particulièrement faible en Ukraine. “Il y a évidemment la vaccination covid, mais aussi toutes les autres maladies pour lesquelles la Belgique vaccine sa population (Diphtérie, Tétanos...)
Les entités fédérées vont devoir mener des campagnes ciblées sur la médecins préventive.
Au niveau de la médecine générale Marcel Van der Auwera rappelle que la population ukrainienne n’a pas la même habitude de la médecine générale que nous. ”Nous devons les informer des spécificités de notre système de santé et de l’importance de notre première ligne.”
Le point sur les documents
“Pour les aspects administratifs, une circulaire plus précise va être adressée aux hôpitaux dans les prochains jours”
Pour les médecins, trois documents pourront être présentés par le réfugié:
- Une carte digitale qui lui sera remise après que son dossier ait été accepté par la mutuelle . Ce qui risque de prendre un certain temps.
- Un document donné par l’office des étrangers quand la personne s’enregistre au Heysel
- L’ annexe 15 délivrée par chaque commune qui certifie que le réfugié est installé en Belgique. .
Les hôpitaux et les médecins "vont pouvoir donner des soins aux réfugiés ukrainiens qui ont l'un de ces trois documents même s’ils n’ont pas encore leur document de mutualité en ordre." précise le directeur du département de l'aide médicale urgente au SPF Santé publique
Transfert des patients malades d’autres pays
“C’est un choix de l’Europe. Quand des réfugiés se trouvent en Moldavie, en Pologne....et qu’ils doivent être évacués pour des raisons de santé, ils peuvent arriver chez nous. Nous avons déjà fait 5 offres de transfert mais les patients ont finalement été dans d'autres pays. Il faut savoir que dans ce cas-là, si on transfère le patient, on transfère aussi la famille. Les hôpitaux belges ont été très réactifs pour les accueillir. On sent une véritable générosité de leur part. Il y avait notamment un enfant souffrant d’un cancer. Comme la famille avait une attache en Italie, il a pris la direction de l’Italie et n’est pas venu chez nous. A ce jour, nous n’avons pas encore de patient à ce niveau, mais nous sommes prêts.
Le tri par l’hôpital militaire
“Si de grands corridors humanitaires sont ouverts et que l’on nous demande de recevoir un grand nombre de patients. Ils passeront par l’hôpital militaire pour le tri. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ils arriveraient par l’aéroport militaire et iraient à l’hôpital militaire. Ensuite, ils seraient redirigés vers les hôpitaux qui ont des places disponibles parmi les 150 places qui sont prévues.”
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