Santé mentale à Bruxelles: les généralistes se sentent démunis

La Commission Santé Mentale de la FAMGB en collaboration avec le BHAK, a interrogé en 2023 les membres des deux cercles de médecine générale bruxellois (francophone et néerlandophone) sur la thématique de la santé mentale des bruxellois(e)s. Il s’agissait de dresser une photographie de la santé mentale dans les cabinets de médecine générale et d’évaluer sa prise en charge pour pouvoir développer et/ou soutenir des solutions adaptées avec les différents intervenants concernés.

Pour une majorité écrasante (90%) des répondants, les besoins en santé mentale à Bruxelles ont augmenté ces dernières années. Plus de la moitié des répondants (55,72%) estiment que les demandes liées de près ou de loin à la santé mentale représentent entre 25% et 75% de leurs consultations, «sans pour autant que celles-ci ne soient valorisées par l'Inami» déplore la Commission dans la synthèse de son enquête. Le Dr Christophe Barbut, président de la Commission Santé Mentale de la FAMGB, explique que les consultations dédiées à la santé mentale données par le généraliste lui prennent beaucoup plus de temps que les autres types de consultations mais ne sont pas plus rémunérées pour autant.


Certaines thématiques en lien direct avec la santé mentale se retrouvent tout particulièrement dans les cabinets des médecins généralistes. Parmi les problématiques en cause, celles qui touchent à la sphère du travail arrivent en tête du classement (charge de travail trop conséquente, environnement de travail, perte de sens du travail, …) devant les problèmes familiaux et les assuétudes. Les jeunes adultes entre 26 et 35 ans, suivi des 36-45 ans sont les plus concernés. Ces résultats vont dans le même sens que ceux de l’enquête BELHEALTH de Sciensano pour la Belgique, publiée en 2023, constate la Commission.

Plus de 70% des répondants collaborent régulièrement avec un ou plusieurs professionnels de la santé mentale, dont la plupart font partie du réseau du généraliste (quartier, intervision, rencontres…). Malheureusement ce dernier ne reçoit que peu de feedback de la part de ces mêmes professionnels. «Il faut tout de même reconnaître – et c’est important – que la mise en place des psychologues de première ligne a amené un progrès appréciable par rapport à la situation que décrivaient le Livre Noir de la Santé Mentale à Bruxelles (2018) et le Livre Blanc de la Santé Mentale à Bruxelles (2019) réalisés par la Commission Santé Mentale», dit le Dr Barbut.

«Mais même s’ils accomplissent un travail remarquable, cela ne suffit pas. Quant aux consultations psychiatriques, leur accessibilité reste totalement insuffisante.» Cela ressort clairement de l’enquête : le rapport conclut que la disponibilité des psychologues en général est évaluée comme insuffisante. Tandis que la disponibilité des structures en santé mentale, des psychiatres et des lits psychiatriques est, quant à elle, très insuffisante… tout comme l’accessibilité financière des soins de santé mentale dans leur ensemble. Les médecins généralistes peinent donc à orienter les patients vers un professionnel de la santé mentale. Ils se sentent encore très démunis.

Pour faire face à l’augmentation des besoins et y répondre au mieux, les médecins généralistes plaident pour une meilleure reconnaissance financière des consultations dédiées à la santé mentale en médecine générale. Ils demandent la mise en place de dispositifs permettant la connaissance d’un réseau de professionnels.

Pour cela, ils appellent à la création d’un numéro d’appel (ou contact de référence) permettant de faciliter la prise en charge du patient dans les situations critiques ou complexes (cumul de facteurs). «Il y a bien eu une étude de la question et même un début de mise en place d’un projet allant dans ce sens», commente Christophe Barbut, «mais tout cela a capoté au moment de la crise de la COVID et il n’y a pas eu de suite.»

La Commission Santé mentale propose des recommandations, notamment en insistant sur l'importance de l'amélioration du bien-être de la société civile en général. Mais les professionnels de la santé mentale et les généralistes ne peuvent travailler seuls à améliorer la qualité de vie de leurs patients. Il est essentiel que les politiques régionales et fédérales travaillent activement, à leur niveau, au bien-être de la population. Notons également que 20% des répondants déplorent le manque de formations liées à la santé mentale.

> Découvrez toute l’infographie et plongez-vous dans les résultats complets de l'enquête. 

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