La circulaire sur le 1733 devait entrer en vigueur le 21 février. Les médecins ont demandé un report de son application. Ils viennent de recevoir une réponse les informant que cette mise en œuvre était reportée au 1er mars 2023. Une réunion s’était tenue lundi au Cabinet Vandenbroucke avec la FAGW, le GBO et l’ABSyM.
Les participants du côté médical ont le sentiment d’avoir été entendus. Cela ne veut pas dire que tout est résolu pour autant. « Il y a deux problèmes », explique le Dr Guy Delrée, « la circulaire et ses conséquences, d’une part, le 1733 comme tel, d’autre part. » Premier constat unanime des médecins présents : on est face à une crise au 1733 qui exige pour être résolue une concertation avec deux ministères dont un, celui de l'intérieur, fait la politique de la chaise vide. Et « il n’est pas normal », proteste le Dr Paul De Munck, président du GBO, « que ce soit la médecine générale qui en fasse les frais et doive prendre des mesures et imaginer des solutions ». Une telle situation risque aussi de mettre en danger la santé de patients, souligne le Dr Luc Herry (ABSyM), rejoignant en cela l’opinion des autres médecins participant à la réunion.
La circulaire sur le 1733 devait entrer en vigueur hier le 21 février. Les médecins ont demandé un report de son application. Ils viennent de recevoir une réponse les informant que cette mise en œuvre était reportée au 1er mars 2023. La circulaire veut que la transmission vers le poste médical de garde (PMG), des informations reçues lors d’un appel, se fasse par mail dans un langage structuré appelé XML et non plus par téléphone. Elle veut aussi que le PMG dispose d’un agent administratif pour lire les messages dans les 15 minutes de leur réception, accueillir les patients dirigés vers le PMG et organiser les visites. Mais les PMG n’ont pas le personnel et les budgets pour cela et il y a trop peu d’appels de nuit pour le justifier. « La nuit, c’est le médecin de garde qui fait ‘l’accueillant’ et le médecin traitant », explique le Dr Herry. Certains PMG ont trouvé une solution « palliative » en faisant appel à des centrales extérieures qui reçoivent l’information du 1733 et les répercutent vers la garde. Mais cela engage des frais.
Le cabinet de Vandenbroucke s’est engagé à interpeller l’Inami, qui a confirmé qu’elle examinerait et évaluerait les offres à ce propos. « C’est tout de même un comble », fulmine littéralement Luc Herry, « que ce soient les médecins, donc le privé, qui doit pallier les carences de l’administration. Et en fin de compte, cela risque bien d’être indirectement financé sur les honoraires, une fois de plus. » Mais en plus de cela, rapporte le Président de la FAGW, le 1733 prétend se réserver le droit de ne pas envoyer les XML aux postes de garde et de diriger directement les patients vers les PMG. « C’est inciter les patients à ne plus utiliser le 1733 et nous ne pouvons pas l’accepter. Il n’y aurait plus de tri. » commente-t-il.
Les fréquents arrêts du 1733 inquiètent au plus haut point le Dr Delrée. « Elles sont labiles, impromptues et récurrentes. Il y a aussi ces appels sans réponses où les patients appelants sont très longuement mis en attente, ce qui constitue aussi un dysfonctionnement pour un centre d’appel d’urgence. Sans compter que certains patients sont renvoyés vers des PMG fermés » dit-il. « Et là-dessus, nous n’avons pas connaissance d’une gestion en cours de cette crise majeure, alors que cela ne pourra pas être résolu sans nous ». Parfois aussi, les patients sont redirigés vers le 112, qui leur envoie une ambulance. « Embarquer en ambulance vers les urgences d’un hôpital une personne âgée qui n’a besoin que de l’intervention d’un généraliste, c’est de la maltraitance », disent en chœur les médecins.
Tout cela illustre bien la difficulté de résoudre dans l’urgence un problème majeur « pour lequel nous nous battons depuis des années » dit Luc Herry. « C’est un véritable retour en arrière » ajoute Paul De Munck. Par conséquent les représentants des médecins demandent rapidement une réunion de réflexion avec les responsables du 1733 et du 112, ainsi que les cabinets ministériels concernés et l’Inami. Plusieurs réunions viennent effectivement d’être programmées en ce sens avec les différents acteurs.
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