Alain Maron, le ministre régional bruxellois de la santé, se penche résolument sur la consolidation des liens entre les médecins généralistes et les hôpitaux dans le cadre de la réforme des bassins à Bruxelles. Suite à la mise en œuvre de la réforme des quartiers, cette nouvelle étape vise à optimiser la coordination et la coopération au sein du système de santé. Maron détaille ses perspectives et plans d'action dans une interview exclusive pour Medi-sphère et Le Spécialiste.
En juillet 2022, le Collège de la COCOF et le Collège réuni de la COCOM adoptaient le Plan Social Santé Intégré (PSSI). "Nous travaillons sur une territorialisation qui se traduit par la mise en place de 5 bassins et d’un travail de social-santé de quartier. Pour le PSSI, le cabinet, avec l’Observatoire du social et de la santé, travaille sur deux niveaux. Le premier, les «quartiers» (des zones de 15.000 à 30.000 habitants à l’intérieur d’une commune), sur lesquels sont implantés des «contrats locaux social-santé (CLSS)». Le deuxième niveau, celui du bassin (un territoire de 300.000 habitants), verra se côtoyer les acteurs de la santé mentale, de la santé somatique, ..."
"Après la réforme par « quartier », notre réforme suivante sera donc le relais entre la première ligne et l’hôpital au niveau des bassins. Dans chaque bassin, il y aura un groupe de travail entre les généralistes, les autres acteurs de la première ligne et l’hôpital. Aujourd’hui, à titre d’exemple, cela existe à Saint-Gilles sur le projet malade chronique « boost » où il y a un groupe de travail entre l’hôpital Saint-Jean, la première ligne et l’hôpital Saint-Pierre. Toutefois, les bassins n’existent pas encore. Les textes devraient être votés au Parlement à la fin de l’année. Chaque bassin aura des moyens pour créer cette relation."
Est-ce que cela va faciliter la vie des patients après le séjour à l’hôpital ?
"Une des missions des bassins est de mettre en place la capacité de l’ambulatoire à accueillir cette charge qui augmente avec le raccourcissement du temps d’hospitalisation. Il y a aussi la question de l’urgence dans les hôpitaux. Si les gens vont dans les urgences à l’hôpital, c’est parce qu’ils n’ont pas pu ouvrir une autre porte avant... ou alors c’est une question de report de soins... Aujourd’hui, trop de Bruxellois vont aux urgences pour des problématiques qui ne sont pas suraiguës."
Vous espérez diminuer la pression sur les urgences ?
"Nous avons agréé les maisons médicales pour que les populations puissent avoir accès plus facilement aux soins et aux médecins généralistes. La population ne s’intéresse pas à savoir qui paie quoi... ils veulent des soins efficaces. Notre population est en trop mauvaise santé au regard de la richesse générale du pays. Mon objectif est d’améliorer la santé de toutes et tous."
Pourrez-vous compter sur la digitalisation dans votre démarche ?
"Nous avons demandé à Abrumet de développer une carte vaccinale. Elle va développer un outil web qui permettra d’aller chercher l’information à l’ONE, chez Vitalink et dans le dossier des hôpitaux et des médecins pour que le patient et le généraliste aient une vision globale de la vaccination. Il est actuellement en phase pilote chez une vingtaine de prestataires qui testent l’encodage dans l’outil. Il y a une base juridique qui doit encore passer. La généralisation est prévue en 2024. Nous travaillons avec la Fratem et donc la démarche prendra aussi sur le réseau santé wallon."
"Mais avant tout, ce sont les professionnels du soin qui doivent se dire où cela fait sens ou non. Quels sont les outils qui seront utiles ? Aide au diagnostic, l’analyse de données... Dans le social et la santé, le lien humain reste primordial, le lien de confiance est essentiel..."
Quels sont vos rapports avec les hôpitaux ?
"Nous dialoguons beaucoup avec les hôpitaux même si nous avons peu de compétence au-delà des infrastructures... progressivement, il va sans doute y avoir une réorganisation des services hospitaliers mais il faudra que cela se fasse en parfaite collaboration avec les acteurs et les actrices de terrain pour améliorer l’efficience, l’efficacité, l’accessibilité en termes de mobilité et de finances... Nous devrons donc réfléchir ensemble à ces enjeux."
Les pénuries vous inquiètent ?
"Je suis sensible à la question du découragement dans le secteur des soins. Ces fonctions sont indispensables. Il y a une perte de sens du travail chez les soignants. On pense que des projets de travail en groupe comme nous les menons, avec du dialogue, avec des médecins moins isolés, peuvent aussi réduire une certaine forme de violence et de perte de sens. Il est toujours plus difficile de chercher des solutions quand on est seul."
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