N’y a-t-il pas un service ordinal qui puisse tendre
 la main à un confrère dans l’ornière, avant qu’il ne soit acculé à l’aveu de faillite? Pour Bruxelles et le Brabant wallon, le Conseil provincial a créé une structure pour soutenir les médecins en difficultés. Un exemple à dupliquer!
La plate-forme nationale «Médecins en difficulté» se concentre actuellement sur les problèmes à dimension psychologique. Mais de son côté, le Conseil provincial Bruxelles et Brabant wallon a fondé il y a 4 ans une «commission professionnelle et sociale» (CPS) pour soutenir les médecins dans leurs diverses difficultés personnelles, en ce compris les revers financiers.
La CPS va donc s’efforcer de prévenir le surendettement? «‘Prévenir’ est un grand mot», nuance Aude Boeyen, sa responsable. «Dans les dossiers qui nous arrivent, le problème est avéré. Disons qu’on essaie de l’enrayer.» Cette assistante sociale spécialisée en GRH, médiatrice agréée en matière civile, commerciale et sociale, formée à l’approche systémique Palo Alto et titulaire d’un master en business coaching, pince toutes les cordes de son arc pour offrir un accompagnement personnalisé - et gratuit - au médecin demandeur.

Drapeau blanc et négociations d’étalement
Pour toute clarté, s’adresser à la CPS brabançonne relève de la démarche 100% volontaire. Le mot d’ordre de celle-ci est discrétion. «Nous mettons l’accent sur la confidentialité [notre interviewée veille d’ailleurs à ne pas livrer d’éléments qui permettraient de percer à jour l’identité d’un de ses ‘protégés’, ndlr]. On entretient la distanciation avec les activités disciplinaires du Conseil. ll y a un cloisonnement strict par rapport au répressif. Le Conseil ne sait pas qu’un médecin s’est adressé à moi.»
«Dans les affaires de surendettement, la première étape consiste à dresser un état des lieux, inventorier ce que les médecins doivent à qui et pour quand. De là découle une priorisation des créanciers à rembourser. J’établis donc un échéancier, qui dépend de la détérioration de la situation et des menaces qui se précisent - le médecin a peut-être déjà des huissiers à sa porte.»

Aude Boeyen va ensuite, selon les préférences des confrères, les accompagner ou carrément les remplacer devant les créanciers, pour plaider un étalement des paiements.

Ainsi lui arrive-t-il de négocier auprès d’une mutuelle le maintien de la couverture santé s’il y a arriérés de cotisations, ou encore des facilités en cas de rupture de paiement de cotisations sociales – «là, c’est déjà plus compliqué». De même, elle peut s’efforcer d’obtenir des assouplissements dans le remboursement d’un crédit hypothécaire ou lancer des SOS aux services sociaux communaux pour éviter que l’électricité ne soit coupée. Au besoin, précise-t-elle, elle s’entoure de conseils d’avocats et/ou 
d’experts financiers.

Signal positif
D’après elle, c’est toujours un bon signal que de faire savoir aux divers créanciers qu’un suivi s’est mis en place autour du débiteur, avec un agenda, un plan d’apurement.

Aude Boeyen insiste encore: le coaching de la CPS est non jugeant. Quand la crise est surmontée, elle aide le prestataire à réfléchir à la façon de s’organiser à l’avenir pour éviter une rechute. «Et si jamais il aspire à se réorienter, je lui propose un bilan de compétences», base d’un nouveau départ.

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