Débat historique samedi matin à Liège sous l’égide du Groupement Liégeois des Associations de Médecins Omnipraticiens (GLAMO). Les représentants de l’ABSyM (Dr David Simon) et du GBO (Dr Pierre-Louis Deudon) ont échangé les points de vue de leurs syndicats respectifs sur les cinq piliers du New Deal. Il y a convergence sur de nombreux points … mais pas sur tout.
Une soixantaine de généralistes sont venus s’informer samedi à Liège sur les 5 piliers du New Deal. Les deux orateurs étaient membres du groupe de réflexion, ce qui donne une valeur ajoutée à leurs exposés. D’emblée le Dr Simon rappelle la position prise par le Ministre Vandenbroucke récemment à Anvers : le New Deal allait donner, selon le ministre, un élan définitif à la disparition de la pratique en solo. Les deux syndicats sont clairs : toutes les formes de pratiques doivent persister, y compris le solo. Accord également sur la nécessité d’augmenter le nombre de médecins généralistes (1er pilier).
Mais, souligne le Dr Simon, « il faut aussi créer les conditions qui les incitent à opter pour la médecine générale et surtout faire en sorte qu’ils ne quittent pas la profession ». Quant au temps de travail, la différence entre les deux confrères réside plus dans la différence de génération que dans les options syndicales. Au groupe de réflexion du New Deal, il a été question de recertification des généralistes tous les 5 ans, pour leur permettre de continuer à exercer. « C’est résolument non ! », dit le représentant de l’ABSyM. Refus aussi de l’obligation d’installation en un lieu donné. Moins catégorique, Pierre-Louis Deudon, rapporte que « le GBO déclare ne pas avoir encore pris position sur ce point. »
Pour diminuer la charge administrative (2e pilier), l’ABSYM privilégie l’assistant de pratique, plus polyvalent qu’un assistant administratif. « L’assistant de pratique, après formation, pourrait effectuer des tâches de prévention, mesurer des paramètres, vérifier l’adhésion du patient chronique », explique David Simon. Il dépendrait d’une commission paritaire moins coûteuse que celle des infirmières. Les infirmier.e.s de pratique ont la préférence du GBO, « même si », reconnaît Pierre-Louis Deudon, « ce n’est pas une nécessité pour tous les cabinets. Les infirmier.e.s ont une solide formation et des compétences avérées. »
« Pour accroître l’accessibilité (3e pilier), les médecins devraient-ils prendre en charge un plus grand nombre de patients ? » se demande David Simon. « Ils sont déjà surchargés », dit Pierre-Louis Deudon, « mais nous allons au-devant d’années difficiles car des mesures prises maintenant ne porteront leurs effets que dans quelques années ». L’aide administrative ou une personne à l’accueil dégagerait du temps du médecin. « Mais il vaudrait mieux, dit le Dr Deudon, que ce soit plus de temps pour chaque patient plutôt que du temps pour plus de patients ». La question des revenus est sous-jacente. Le représentant du GBO ne se dit que partiellement satisfait des honoraires à l’acte, trop de prestations n’étant pas rémunérées. Il ne se sent pas attiré par le pur forfait. Un 3e type de fonctionnement, avec une plus forte proportion de forfait comme semble le proposer le New Deal, ne l’inquiète pas. L’ABSyM, pour sa part, ne veut entendre parler ni de tiers payant obligatoire, ni de conventionnement forcé, ni de suppression du ticket modérateur. Et il ne croit pas que la forfaitisation améliorera la disponibilité des généralistes.
Lorsqu’il s’agit d’organisation et de multidisciplinarité (4e pilier), le choix se pose entre délégation d’actes et subsidiarité. Dans le premier cas, le médecin prescrit et l’acte est presté par des paramédicaux. Il n’est remboursé que s’il est prescrit et le médecin reste responsable et garde le contrôle. C’est l’option défendue par l’ABSyM. La subsidiarité laisse au non-médecin l’initiative de certains actes. Pas besoin de prescription pour être remboursé. Pour le GBO, qui n’y serait pas opposé, « cela fonctionne déjà en partie de cette manière dans la réalité quotidienne. Il arrive, par exemple, que le kiné ait commencé à traiter une entorse avant que patient n’arrive chez le médecin. » Mais insiste le Dr Deudon, « il faut travailler avec des personnes compétentes et en qui on a pleine confiance. »
Selon le GBO, le financement de la médecine générale (5e pilier) devrait se faire par prestation (beaucoup sont peu ou pas rémunérées), par patient (revaloriser la DMG), par pratique (soutiens divers) et par performance (outils d’évaluation à définir). Mais l’enveloppe budgétaire est fermée et s’il y a transfert de compétence, il y aura transfert de financement vers des non-médecins. Pour l’ABSyM, cela ne peut se faire sur le dos des généralistes et si tel est le projet, il n’y aura plus de consensus au sein du groupe de réflexion sur le New Deal.
L’assistance a apprécié ce débat qui a nourri sa réflexion. Le Dr Yvonne Bronckart, présidente du GLAMO, s’est dite satisfaite de cette matinée, qui a permis d’aborder de nombreux aspects dont une majorité de participants en ignoraient encore les enjeux.
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Derniers commentaires
Jean-Louis MARY
19 décembre 2022Intéressante réunion .
Actuellement, on semble s'orienter vers un consensus d'absence de consensus sein du groupe de travail...ouf
La médecine solo a encore de beaux jours devant elle , n'en déplaise à VDB.
New deal...dites plutôt No deal.