GBO : Réflexion et barbecue sous le soleil des Ardennes

Plutôt que de savourer un dernier week-end de liberté, une vingtaine de membres du GBO ont choisi de se retrouver samedi dans les Ardennes, répondant à l’invitation du nouveau président, le Dr Lawrence Cuvelier. Au programme : une journée de réflexion sur le système de santé, mêlée à des moments de détente entre amis, le tout sous un soleil estival, autour d’un barbecue. Medi-Sphère y était.

Alors que les élèves francophones reprennent le chemin de l’école, le GBO n’a pas chômé, entamant l’année sur les chapeaux de roue avec une journée consacrée à un sujet brûlant : la professionnalisation des soignants. La réflexion a été lancée par le Pr émérite Jean-Pierre Unger, une figure respectée de la santé publique, autrefois enseignant à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers.

Son intervention a mis en lumière deux visions de la santé publique. D’un côté, un modèle dominé par l’efficience économique, omniprésent aux États-Unis mais qui s’infiltre aussi chez nous, où les assurances privées et banques-assurances règnent en maîtres. Leur credo ? Réduire les coûts, quitte à imposer des protocoles standardisés et des algorithmes froids. « L’informatisation poussée permet de traquer les statistiques, pour mieux atteindre des objectifs financiers, mais elle étrangle la liberté du médecin et déshumanise peu à peu la pratique », a-t-il martelé.

Le Dr Paul Vollemaere, de Bruxelles, a aussitôt réagi : « Depuis que je suis informatisé, je ne me sens pas moins humain dans ma pratique ! ». Une remarque qui a fait sourire, mais n’a pas occulté les dangers évoqués par le Pr Unger, notamment celui de laisser sur le bord de la route les plus vulnérables. Ce modèle rigide, déplore l’expert, étouffe une approche plus humaine de la médecine, où le patient n’est pas une simple case à cocher, mais un individu à comprendre dans toute sa complexité.

Unger défend une autre vision de la santé publique, centrée sur le patient plutôt que sur la rentabilité. Un modèle qui repose sur la professionnalisation, pas seulement des médecins, mais de tous les soignants. Il décrit cette professionnalisation comme une démarche d’observation, de questionnement, d’examen approfondi, de réflexion constante et d’adaptation aux spécificités de chaque patient. « Ce professionnalisme devrait être au cœur de l’enseignement en faculté de médecine », insiste-t-il.

Le débat sur le « professionnalisme médical » est lancé, mais chacun a sa définition. Le Dr Marc Jamoulle, de Charleroi, l’a bien souligné : « Les acceptions du terme sont multiples, il faudrait s’accorder sur une signification commune, mais c’est loin d’être simple ».

Du côté de l’enseignement, le Pr Cassian Minguet (CAMG, UCLouvain) assure que les facultés planchent déjà sur la question. Plutôt que de théoriser sans fin, elles préfèrent armer les futurs généralistes avec des outils de réflexion sur leur propre professionnalisme, ainsi que des compétences en communication et en éthique. À l’UCLouvain, cela passe par des débats, des mises en situation, et même du théâtre.

Bref, la journée a été fructueuse. Entre échanges informels à table et discussions passionnées autour du barbecue, la réflexion est en marche. Les organisateurs peuvent se féliciter : leur objectif d’inciter les participants à réfléchir sur leur propre pratique semble largement atteint.

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