Groupement du CHU Saint-Pierre et des Hôpitaux Iris-Sud : une question de survie

Plusieurs bourgmestres bruxellois et directions hospitalières annoncent le regroupement du CHU Saint-Pierre et des Hôpitaux Iris-Sud. Après Iris, le CHUB, et le réseau Chorus, cette nouvelle alliance stratégique devrait aider ces deux institutions à sortir la tête de l’eau. Ces fiançailles vont également favoriser la création de partenariats médicaux. Les présidents des Conseils médicaux saluent la méthode de rapprochement qui, depuis le début des négociations, implique les représentants des médecins.

Après un rapprochement avorté avec le Chirec en 2019, les Hôpitaux Iris-Sud unissent leur destin à celui du CHU Saint-Pierre. Rappelons que, depuis 2021, l’Hôpital universitaire de Bruxelles regroupe Erasme, l’Huderf et l’Institut Jules Bordet. Dans cette nouvelle configuration des hôpitaux de la Ville de Bruxelles, le CHU Brugmann reste seul. « Une situation intenable », estime Philippe Close.
« Les hôpitaux publics sont des joyaux de la Région bruxelloise », souligne le bourgmestre de Bruxelles. « Nous devons réfléchir à la manière de continuer à proposer des soins de qualité tout en assurant leur financement. Les bourgmestres sont les actionnaires d’un plan qui permet de regrouper le CHU Saint-Pierre et les Hôpitaux Iris-Sud (HIS). Cette initiative fait sens et va permettre de poursuivre nos missions de services publics. »

« C’est un moment important pour nos hôpitaux », ajoute Jean Spinette, bourgmestre de Saint-Gilles et président de HIS. « Vu les enjeux financiers et la pénurie de personnel, nous avons trouvé des partenaires pour garantir l’accessibilité des soins. Travailler avec Saint-Pierre est la suite logique du regroupement que nous avons réalisé au niveau de HIS, qui a fusionné plusieurs sites hospitaliers au fil des années. »

Implication des médecins

Pour Vincent De Wolf, bourgmestre d’Etterbeek : « Il n’y a pas d’hôpital sans médecins. Nous aurons besoin du corps médical pour diriger et repenser les services médicaux. »
« Depuis six ans, personne ne parle des hôpitaux, pourtant c’est un enjeu quotidien pour la population. Cinq communes sont actionnaires des hôpitaux publics bruxellois », rappelle Christos Doulkeridis, bourgmestre d’Ixelles. « On aurait pu choisir de ne plus gérer d’hôpitaux. Certaines communes l’ont fait. Il est important de créer des liens vertueux entre ces institutions. Ce projet est porté par les médecins. »
« Le site de Bracops, situé sur ma commune, est excentré par rapport à HIS. Je veillerai à ce que l’offre et la qualité des soins restent intactes dans cette partie de Bruxelles. J’espère que ce partenariat permettra de réaliser des investissements », commente Fabrice Cumps.
« Notre Conseil médical a voté ce rapprochement à l’unanimité », précise Yannick Manigart, président du Conseil médical du CHU Saint-Pierre. « Pourquoi se regrouper ? Nous n’avons pas vraiment le choix. La situation des hôpitaux est catastrophique. La pénurie de médecins et d’infirmières est problématique. Pourquoi se regrouper avec HIS ? Nous partageons des valeurs communes, celles des hôpitaux publics bruxellois, ainsi qu’une continuité territoriale. Nous partageons également une éthique. Nous sommes impliqués en tant que médecins dans ce projet, ce qui est fondamental pour parvenir à un résultat. »
Pour Alain Bauler, président du Conseil médical de HIS : « Il faut absolument trouver des partenaires. Face aux défis financiers importants, il est nécessaire de pérenniser l’activité. Il faudra faire collaborer des médecins aux statuts différents. Cela ne sera pas simple, mais c’est possible. »

Nouvelle gouvernance

Ce groupement, qui n’est pas une fusion, va avoir une seule unité de gestion : un conseil d’administration et un comité de gestion.
« Six gestionnaires et six médecins (trois par Conseil médical) siègent au comité d’accompagnement. Nous sommes à égalité dans le développement du projet. Il y a parité et équité », explique Michèle Dussart, directrice médicale du CHU Saint-Pierre. « En créant des services avec un volume d’activité plus important, nous permettrons à certains médecins de se sous-spécialiser, car nous disposerons d’un plus grand bassin de soins. Cela facilitera également l’organisation des gardes. Nous n’allons pas tout accomplir en un claquement de doigts. Nous ne forcerons rien. Les équipes comprennent l’intérêt de travailler ensemble. Les médecins sont parties prenantes. Jusqu’en 2028, les chefs de service actuels seront maintenus. Ensuite, il y aura une réorganisation. Ce projet est positif et tourné vers l’avenir. »
« Nous avons des services et des équipements basés sur une programmation datant de vingt ans. Il faut désormais une programmation pour les vingt prochaines années. La programmation actuelle ne convient plus aux 182 nationalités qui vivent à Bruxelles. Il faut plus d’inclusion par rapport à ces habitants », estime Gert Van Esbroeck, directeur médical de HIS.
Catherine Goldberg, directrice générale de HIS, se veut rassurante quant à l’avenir du groupement : « Notre objectif a toujours été de conserver nos six sites. Malgré la situation financière difficile des hôpitaux, nous devons investir dans nos sites, nos infrastructures et dans les soins ambulatoires. Ensemble, nous allons élaborer un projet médical solide. »

Deux priorités

Pour le bourgmestre de Bruxelles, l’homme fort des hôpitaux publics bruxellois, il est grand temps que les autorités fédérales règlent le problème de la charge des pensions des agents statutaires, qui coûte très cher aux hôpitaux publics (plusieurs millions d’euros par hôpital, NDLR), et que la Région bruxelloise indexe les montants couvrant les missions sociales des hôpitaux. Cette couverture ne représenterait plus que 20 % des besoins réels.

Lire aussi: Les hôpitaux publics bruxellois au bord de la rupture

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Derniers commentaires

  • Régine Gattegno

    13 septembre 2024

    Mais bien sûr que nous continuerons à bosser chacun et chacune à l'hôpital, dans les maisons de repos, services à domicile....une personne pour le travail de deux, les étudiants en dernière année bosse gratuit pendant des mois . La pénurie de soignants grandit depuis des dizaines d'années fermeture de services., on centralise, on construit d'immenses hôpitaux au lieu de rénover.. d'ici quelques années la plupart d'entre nous en majorité vont être enfin pensionnés ..Un gouvernement piège pour les diminution de financements, qui veut tout privatiser on va se retrouver en galère complète.

  • delivery box van de maele

    12 septembre 2024

    Encore et encore... qu'avez vous su gérer à Bruxelles de manière intelligente Messieurs Les PS ET les ECOLOS

    A cause de ces fusions, il est impossible d'avoir un rendez-vous pour un IRM ou un PET SCAN. IL faut attendre un an et je vous parle d'expérience.
    QUAND vous avez une urgence, souffrant d'un cancer, SAVEZ-vous attendre un an pour IRM ou un pet scan.
    SI c'était un membre de votre famille? Bien sûr si c'est un membre de votre famille, les rendez-vous sont donnés en priorité.. n'est ce pas...

    Et le personnel médical qui fait de son mieux ET QUI subit, qui se défend du mieux qu'il peut. qui se donne pour le patient car il aime un peu son métier. MAIS VOUS à tous les niveau, vous avez politisé les organes des hôpitaux.
    J'aimerais que ce corps médical, que ces kinésithérapeutes, ces infirmiers dénoncent et ait le courage de dire la vérité par ce que vous les faites taire poliment
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