L’ABSyM demande qu’on forme plus de MG au sud du pays

Au vu du verdict du cadastre des MG wallons, l’ABSyM réclame davantage de considération pour la médecine générale au sein des facultés francophones. Le syndicat appelle celles-ci à former moins de spécialistes «pour pourvoir aux besoins en personnel de leurs propres services universitaires» et davantage de MG (ou plutôt: de spécialistes en médecine générale), surtout sur fond de vieillissement démographique et de politique de maintien à domicile.

Medi-Sphere vous avait révélé, il y a plus de six mois, quelques grands constats du recensement wallon des MG, élaboré en sollicitant le terrain (lire Medi-Sphere n°555). En 2016, on dénombrait 3.420 généralistes en Wallonie, assumant en moyenne 9,1 demi-journées de pratique MG/semaine. 106 des 262 communes de la Région affichaient une densité inférieure à 90 MG/100.000 habitants et étaient étiquetées comme zones «en pénurie». Dix d’entre elles étaient même réputées «en pénurie grave» et 40 autres dites «à risque», risque de basculer dans le rouge en cas d’arrêt non compensé d’un de leurs MG.

Comme le souligne aujourd’hui l’ABSyM, le cadastre pointait aussi une pyramide des âges très défavorable: la profession accuse une moyenne d’âge de 52,8 ans. Le syndicat y voit «la conséquence de plusieurs décennies de refus de la part des facultés francophones de médecine de reconnaître la profession de médecin généraliste comme une spécialité médicale importante. Si l’on n’est pas repris pour une des spécialités reconnues, on ne devient ‘que’ médecin généraliste.»

Respect, SVP!

L’ABSyM demande que la formation en médecine générale soit «prise au sérieux» par les universités francophones, qui devraient «souligner la valeur et l’importance de cette branche auprès des étudiants», de sorte à ce qu’elle cesse d’être la filière qu’on emprunte «par dépit». En Flandre, elle séduit davantage, argumentent ses présidents et vice-présidents, les Drs Moens et De Toeuf: parmi les diplômés 2016-17, 41% avaient opté pour la médecine générale, contre seulement 27% côté francophone. Le syndicat ajoute avoir depuis des années, à travers de l’UEMO (l’Union européenne des médecins omnipraticiens), plaidé «pour la reconnaissance de la médecine générale en tant que spécialité médicale à part entière». Un objectif atteint seulement dans quelques états, commente-t-il.

En conclusion, l’ABSyM estime que «se borner à former plus de spécialistes afin de pourvoir aux besoins en personnel de leurs propres services universitaires» n’est pas, du côté des universités francophones, «la bonne façon de répondre aux besoins». Et de rappeler que le citoyen vieillissant réclame de plus en plus de soins, de préférence chez lui, à la maison. Moralité, les différentes facultés francophones doivent donc, d’après le syndicat, former davantage de spécialistes en médecine générale.

Une ventilation à respecter

On avait plutôt l’habitude, jusqu’ici, d’entendre le GBO sur ce terrain-là. Pas plus tard que le mois passé, à la parution du fameux dossier «pénurie» du Soir, Paul de Munck, son président, préconisait de «continuer à réfléchir avec les universités à la façon de rehausser l’attrait de la médecine générale durant le cursus». Il lançait un appel à respecter les sous-quotas entre MG et spécialités, «ce qui suppose une volonté forte des universités et de la Fédération Wallonie-Bruxelles» (lire par ailleurs sur ce site). La défense professionnelle se rejoint donc, ouvertement, à présent, sur ce point.

Notons encore qu’intervient régulièrement dans ce débat sur le choix de la spécialité le constat d’écarts flagrants de rétribution entre les généralistes et spécialistes, du moins certains spécialistes. C’est une réalité captée 5 sur 5 dans les auditoires.

«Une spécialité à part entière»

Medi-Sphere demandé à Michaël Bernier, généraliste actif à la Chambre Hainaut, Namur et Brabant wallon, l’ampleur du rééquilibrage MS/MG auquel l’ABSyM songeait. «Le chiffre que nous défendons est de 40% de généralistes. En fait, les universités ayant déjà consenti de gros efforts, on y arrive, pour les cohortes actuelles. De plus, tout le monde est bien d’accord pour reconnaître que la médecine générale est une spécialité à part entière. C’est ainsi que chez nous [au sein de organes internes de l’ABSyM, ndlr], tout est paritaire, entre généralistes et spécialistes. Cela reflète l’équilibre entre les forces de travail dans le corps médical.»

Le syndicaliste hennuyer souligne encore que «le fait d’avoir un doyen de faculté qui soit lui-même généraliste est une chance. Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que dit et fait Marco [Schetgen, doyen à l’ULB, ndlr] mais il a accompli beaucoup en faveur de la reconnaissance de la médecine générale.»

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.

Derniers commentaires

  • Yvo PIRENNE

    05 octobre 2017

    La carence en médecins dans le sud du pays est encore plus forte que ce que l'on voit : normalement notre pays devrait être au minimum autosuffisant en médecins étant donné la qualité de notre enseignement qui est reconnu par l'OMS.
    De très nombreux médecins étrangers suppléent aux carences médecins, roumains, italiens, et notamment 600 confrères français qui manquent gravement dans leurs pays. L'OMS a demandé et demande toujours que l'on produise des médecins pour collaborer avec les pays du sud qui sont en manque.
    Ce n'est pas le numerus clausus qui arrange les choses . Un examen d'entrée, comme cela existe depuis très longtemps au niveau des ingénieurs universitaire est une autre chose et permet de vérifier si les candidats étudiants ont un bagage suffisant après leurs humanités J'ai entendu un professeur Ingénieur dire les élèves qui sorte de cet établissement boivent tous le bouillon il faudrait que ces enseignants fassent un effort......