Circulation infernale et manque de parking: les médecins bruxellois renoncent aux visites à domicile

Les médecins bruxellois délaissent de plus en plus les visites à domicile, freinés par des problèmes de mobilité et de stationnement. Selon une enquête, 80 % des praticiens de plus de 40 ans n'effectuent plus de visites à domicile. « C’est devenu infernal, au point de renoncer à certains quartiers », déplore le Dr Michel De Volder, président de la Fédération des Associations de Médecins Généralistes de Bruxelles (FAMGB)

L'accessibilité et le stationnement posent de sérieux problèmes aux médecins qui exercent en ville. À Bruxelles notamment, explique le Dr Michel De Volder, président de la Fédération des Associations de Médecins Généralistes de Bruxelles (FAMGB), « nous avons connu ces dernières années une diminution drastique du nombre de places de stationnement. » Une enquête effectuée auprès des médecins sur la mobilité à Bruxelles avait révélé une diminution importante des visites à domicile. La principale raison résidait dans les difficultés de circulation et de stationnement. Il est apparu que les médecins de moins de 40 ans ne faisaient plus aucune visite à domicile. Parmi les plus de 40 ans, ils étaient 80 % à ne plus se rendre au domicile du patient. « Quant aux confrères qui travaillent en maison médicale, ils ne se déplacent pas non plus : ce sont les patients qui viennent à eux. C'est le principe même du fonctionnement des maisons médicales, qui sont situées dans des quartiers où les patients peuvent se rendre à pied. »

Pour le Dr De Volder, les difficultés de déplacement des médecins peuvent constituer une entrave au libre choix du patient. Le patient a le droit d'attendre de son médecin qu'il se rende à son domicile si nécessaire. Mais pour le médecin, c'est compliqué, et il peut être empêché par les mauvaises conditions de mobilité. « Le déplacement vers le patient est devenu très chronophage. Pourtant, certaines situations le rendent indispensable », souligne-t-il. « Et ne parlons pas des maisons de repos. Des places de parking sont prévues pour les soignants, mais pas pour les médecins… »

Le piétonnier bruxellois a déjà bien compliqué les choses, avec ses zones d'accès restreint où l'on n'a pas le droit de circuler sans une carte de résident. En tant que visiteur, il faut prévenir du jour et de l'heure de la visite. « C'est comme si le patient devait prévenir qu'il va tomber malade », s'exclame-t-il. « C'est totalement incompatible avec la notion d'urgence médicale. »

Le plan « Good Move » n'a rien arrangé. « C'est même devenu infernal », s'insurge Michel De Volder. « On a créé un véritable labyrinthe, où l'on nous fait faire un détour de 2 km pour un déplacement qui ne demanderait normalement que 200 m ! En plus de cela, c'est très polluant. À cause de cela, il y a des zones où nous n'allons plus. »

« C'est une profonde aberration », ajoute le président de la FAMGB, « alors que les pouvoirs publics prétendent encourager le maintien des patients à domicile. Au lieu de cela, on en est au point où même certains kinésithérapeutes ne se déplacent plus à domicile. » Il précise également que les infirmières, les aides-soignants, les coordinateurs de soins à domicile, les distributeurs de repas, et d'autres intervenants sont tous gênés dans l'exercice de leurs fonctions.

« Cela fait plus de cinq ans que nous interpellons le monde politique, mais peu de choses changent, pour ne pas dire rien. Nous avons bien obtenu de parking.brussels une carte de reconnaissance en tant que soignants, ce qui nous permet d'éviter les amendes en identifiant les véhicules comme ceux de professionnels de santé. Mais les relations avec les autorités sont difficiles, en particulier dans certaines communes. Est-ce de la mauvaise volonté de la part des administrations communales et régionales ? On pourrait le croire. Nous n'avons jamais de retour de ces administrations. Nous aurions souhaité une concertation réfléchie et intelligente… », conclut le Dr De Volder.

> Consulter l’enquête visites à domicile auprès des MG bruxellois

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