L’un des enjeux de l’année 2022 sera sans conteste la vaccination par les pharmaciens dans les officines. Mais qu'en pensent-ils réellement? Sont-ils prêts? Sont-ils partants? Et qu’en est-il des rapports avec les médecins généralistes. Dans une enquête exclusive, la revue Pharma-Sphère pose les questions et près de 400 pharmaciens y ont répondu.
Les pharmaciens sont satisfaits de pouvoir vacciner contre le Covid (pour 55% au niveau national: 60% des NL , 51% des FR et 12% de non répondants). «C’est une très bonne chose». Ils attirent toutefois l’attention sur certains problèmes que cette vaccination va engendrer: «Cela amène une surcharge de travail» ou encore «nous devons faire face à un manque de personnel et ce n’est pas notre rôle de procéder à la vaccination. Nous n’avons pas reçu la formation et cela va nous amener quelle rentabilité?». D’autres constatent que la vaccination «privilégie les grandes pharmacies qui ont des équipes plus importantes». Enfin, la question de la santé publique ne peut être écartée selon certains d’entre eux: «Nous ne sommes pas équipés pour réagir en cas de choc anaphylactique. C’est un acte médical à risque qui revient aux médecins». Ils ne sont toutefois pas contre: «C’est possible s’il y a un cadre légal clair avec les moyens adéquats et des assurances prévues». Ils espèrent même que d’autres vaccinations seront proposées: «Je suis favorable à la vaccination en officine, mais pas uniquement pour le vaccin anti-Covid. Il est possible de réaliser d’autres vaccinations.»
Et la formation?
La question de la formation à la vaccination ne peut être occultée. Il y a en effet une véritable différence entre les communautés. Au niveau national, 58% des pharmaciens disent avoir suivi une formation (68% des NL et 48% des FR- 12 % de non répondants). Une fois formé, il reste la question de la participation. Ils sont au niveau national 59% (62% des NL et 56% des FR - 12 % de non répondants) à être prêts à participer à la vaccination contre le Covid. Ils sont toutefois conscients que des problèmes subsistent: «Mon officine ne peut répondre au protocole» ou encore «je travaille seul, ce n’est pas possible». Ils craignent aussi des problèmes annexes: «J’ai peur d’avoir une mauvaise réputation en cas de problème.» Les pharmaciens qui ont répondu à l’enquête ont été 51% (53% des FR et 49% des NL - 12 % de non répondants) à participer au testing et à la vaccination en pharmacie.
Tensions avec les généralistes
L’évolution du rôle des pharmaciens dans cette crise a aussi amené des crispations plus ou moins grandes entre certaines généralistes et pharmaciens ou encore entre les représentants des professions respectives. Notre enquête montre également qu'une grande majorité des pharmaciens (72% au niveau national, 77% des FR et 67% des NL) espèrent la fin des tensions avec les généralistes à propos de leurs rôles respectifs dans les soins de premières lignes. Pour certains répondants, «ce ne sont pas les généralistes qui posent problème, mais leur syndicat. Les médecins sont mieux soutenus par leurs organismes professionnels.» Au fil des réponses, les réactions oscillent entre «aucun problème entre nous dans nos quartiers» à «les médecins sont trop rigides».
De son côté, le Phn Laurent Staquet de Charleroi, comprend «que les médecins soient opposés à cet acte. Mon message est de rappeler que le pharmacien sera disponible si les autorités en ont besoin. Si des cabinets de médecins ferment et que la campagne de vaccination ralentit, l’apport du pharmacien peut accélérer la vaccination. Par ailleurs, nous pouvons aider à l’amélioration de la couverture vaccinale parce que chaque patient possède un pharmacien... mais chaque patient n’a pas un médecin.»
> Découvrir l'entièreté de l'enquête dans la revue Pharma-Sphere
L'enquête a été réalisée par e-mailing entre le 30 décembre 2021 et le 15 janvier avec un total de 394 répondants représentatif de la profession.
Lire aussi : Covid-19: les pharmaciens ne pourront pas administrer d'autres vaccins à l'avenir (ABSyM)
Derniers commentaires
Jean-Michel SERVAIS
28 février 2022Quel excellent dispositif, en théorie. En pratique donc plus de 40% des pharmaciens ne s'impliqueraient pas alors que leur place est évidente, surtout dans le futur: au moment des "rappels"( qui sans doute pourraient être administrés en parallèle à la vaccination anti-grippe).
Puisse alors un enregistrement national permettre de savoir qui a bénéficié de quoi et qu'il n'y ait pas de double emploi dans le strict respect des directives de l'APD.
Dr JM Servais
Marie-Louise ALLEN
24 février 2022Quand je pense aux bâtons dans les roues rencontrés pour vacciner mes patients moi-même!!!!! Car je trouvais Pour moi, la vaccination est un acte médical, nécessitant préalablement à l'injection un examen médical minimal.... Au total , chez des patients ayant la même vue des choses, par lots de 3 ayant environ 1h de délai avant péremption (mais préparé parfois des heures avant!), je me suis entêtée à pratiquer ...12!!!vaccins., pour des difficultés - mails, coups de fils, trajets- au total bien plus nombreuses que 12!!!
Mais il paraît que les médecins "pouvaient" pratiquer la vaccination!, sans doute dans une autre région? ou religion??? Peut-être aussi que leurs frigos sont de moins bonne qualité que ceux des pharmaciens (mais suffisants pour conserver les vaccins des enfants)...
Bref: 2 ans que je cherche une trace de logique dans toute cette campagne... et je cherche encore!