Pour le Dr Paul De Munck, président du GBO, le syndicalisme médical se trouve à un moment charnière. «Le risque est grand de voir se construire autre chose que la concertation. S’il n’y a plus de concertation, on peut s’attendre à des lendemains douloureux. La technique du ministre Vandenbroucke n’est pas bonne à long terme. Elle est dangereuse. Les médecins ne suivront pas.»
«On le voit par exemple avec la frilosité pour opter pour le New Deal. Il faut trouver le juste milieu entre les aspirations des jeunes médecins et un autre type de gouvernance. Ce qui manque dans l’éducation du médecin spécialiste ou généraliste, c’est son éveil à la politique et à la politique de santé publique. Il faut mettre en place une éducation tout au long du cursus universitaire du médecin et cela permettra même de faire des économies en termes de santé publique.»
«En plus, cela permettra d’en faire de meilleurs médecins avec des notions transversales d’anthropologie médicale, de responsabilité sociale, comment est-ce que dans sa pratique il peut s’impliquer dans la santé publique et la représentation professionnelle… C’est un combat que l’on doit mener collégialement déjà au sein du Collège de Médecine Générale. On sait que certains verraient bien naître une grande entité qui gérerait le tout. Parfois certains médecins pensent qu’un seul syndicat au niveau francophone, cela suffirait. Je ne le pense pas. Aujourd’hui, il n’est pas possible de fusionner les syndicats car il y a encore trop de valeurs et de visions qui nous différencient.»
Face à ces défis et à la multiplication des réunions, de nouveaux moyens sont indispensables pour avoir des experts compétents. «La Belgique résonne encore trop dans une logique de silos et pas assez dans une logique de santé publique et de principe de subsidiarité. Cela ne sert pas les intérêts du patient. Les médecins spécialistes de l’Absym sont encore trop accrochés à leur budget.» explique Jean-Noël Godin qui a quitté ses fonctions de directeur mais qui reste conseiller au sein de l'équipe du GBO.
Bertrand Delrée, le nouveau directeur et Paul De Munck le reconnaissent: «Nous sommes des couteaux suisses dans nos fonctions mais cela a des limites. Nous n’avons pas les moyens financiers pour remplir nos missions... ni nos ambitions. Nous travaillons avec des moyens qui ont même diminué en proportion puisqu’un troisième syndicat est venu jouer dans la pièce. Cela coûterait moins cher à la santé publique d’avoir un syndicat mieux financé.»
Jean-Noël Godin va même plus loin: «Il y a un déséquilibre dans les structures : les mutuelles sont mieux financées que les syndicats médicaux. Par ailleurs, il y a des catégories de prestataires qui reçoivent des financements (bandagistes et logopèdes) plus sérieux que les nôtres. Il faut donc augmenter les nôtres.»
Paul De Munck reconnaît que le GBO est à un tournant. «Nous avons besoin de pouvoir étoffer notre équipe pour mieux préparer les dossiers. Pour séduire et rendre possible l’investissement de la nouvelle génération dans le syndicalisme médical, le ministre doit dégager des moyens.»
En structurant le GBO, il pense aussi à l’après Paul De Munck: «Je suis un président à temps plein, plus que plein. J’avais manifesté ma volonté d’arrêter en 2022 mais on m’a demandé de tenir jusque fin 2023 pour la conclusion du nouvel accord. Je suis toujours là, mais je ne souhaite pas être président à vie.» L’appel à la relève est donc lancé vers la génération montante.
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