Face à une pénurie généralisée annoncée, il semble que la proportion de candidats à la médecine générale soit plutôt très élevée. C’est en tout cas ce que constate le Pr Cassian Minguet , directeur du Centre Académique de Médecine Générale (CAMG) de l’UCLouvain. Pour lui, il n’y a pas de limite au nombre de généralistes que les universités peuvent former. Le goulot d’étranglement se situe ailleurs.
Grande effervescence l’autre soir sur le campus de l’UCLouvain à Woluwé. Les étudiants de sixième année de médecine ont reçu les résultats de leurs derniers examens. Ils se considèrent d’ores et déjà comme médecins. Et entre deux bières, le grand sujet de discussion est celui de la spécialité. « Moi », dit l’un en réponse à la question de ses choix futurs, « je voudrais faire la médecine générale. Le concours a eu lieu mais je ne sais pas encore si je suis pris. Il y aura 25 places et nous sommes 55 candidats. » Voilà qui semble contraster avec la notion de pénurie qui occupe les esprits. Mais en réalité, notre étudiant se trompe : ces chiffres ne sont pas ceux de la médecine générale.
Pénurie ou répartition inégale ?
Interpellé sur la notion, le Pr Cassian Minguet, qui dirige le Centre Académique de Médecine Générale (CAMG) de l’UCLouvain, explique que la notion de pénurie est loin d’être une notion générale : certains quartiers de grandes villes et certaines zones rurales éloignées sont effectivement en pénurie. Mais ce n’est pas le cas dans tout le pays et il s’agit plus d’une question de répartition que de véritable pénurie.
Quoi qu’il en soit, la médecine générale, comme chacun sait, est aujourd’hui une spécialité, sous forme d’un master dont le cursus est de trois ans. A l’UCLouvain, nous dit le Pr Minguet, environ 200 généralistes sont diplômés chaque année. Et il faut encore compter avec ceux des autres universités. L’accès, au terme des six ans de médecine, est déterminé par un concours comme pour toutes les autres spécialités. Il y a bien chaque année quelques candidats à la médecine générale (environ 5% à l’UCLouvain) qui ne se classent pas en ordre utile mais 43% des diplômés en médecine entament et terminent le cursus et deviennent généralistes. Pour ceux qui ne sont pas classés utilement, la porte de la pratique n’est pas totalement fermée mais il existe de solides limitations aux conditions de cette pratique … et par conséquent aux revenus. C’est le fameux statut dont le numéro se termine par un « triple 0 ».
La limite n’est pas où on le croit
En réalité, il n’y a pas de limite au nombre de spécialistes en médecine générale que les universités peuvent former. Le goulot d’étranglement se situe ailleurs. Il y a d’abord l’examen d’entrée, qui devient un concours. Il y a ensuite le nombre de numéros INAMI et enfin le nombre de maîtres de stages. Mais ceux-ci, agréés par une commission fédérale, peuvent accepter deux, voire dans certains cas, trois stagiaires en formation. Les stages représentent donc moins une limitation que le concours et les numéros INAMI. D’ailleurs, explique le Pr Minguet, avec le passage au concours d’entrée aux études de médecine, nous devons nous adapter et faire coïncider le nombre de candidats au nombre de numéros disponibles pour la sécurité sociale. Alors que ces numéros – et donc le nombre programmé de médecins – est décidé au niveau fédéral, la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est dotée d’une commission de planification des sous-spécialités. Le responsable louvaniste en est membre et il estime que ladite commission travaille très bien. Actuellement le quota de médecins généralistes se situe à 43% des diplômés et les travaux de la commission semblent vouloir maintenir cette situation et la réflexion sur cette question se poursuit vue d’un affinement de la position.
Vers une meilleure régulation francophone
La commission va maintenant s’attaquer à la répartition en différentes spécialités des 57% restants. Mais il y a une innovation importante, en ce sens que pour la répartition entre les autres spécialités que la médecine générale, la commission partira d’une estimation des besoins et non plus d’une planification a priori comme c’est le cas pour l’instant. Avec tout cela, elle espère contribuer à une meilleure régulation de la pénurie. Quant à la répartition des étudiants qui entameront leurs études de médecine à la rentrée prochaine, ce sera l’affaire du Collège des Doyens, qui se réunira le 14 juillet. Voilà encore une affaire à suivre.
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