Après avoir demandé pas mal d’études et entendu toute une série d’interlocuteurs, la Commission de planification – Offre médicale vient de rendre public son «avis formel». Les premières réactions entendues dans le monde de la médecine générale francophone témoignent d’une certaine satisfaction, pourvu que l’avis soit suivi par les autorités.
La commission fédérale de planification de l’offre médicale vient de publier son avis concernant les quotas pour les années 2029 à 2033. Pour ces années-là, le «nombre maximal de candidats attestés qui ont annuellement accès à une formation menant à l'un des titres professionnels concernés sera de 1.144 pour la Communauté flamande et 929 pour la Communauté française.
L’avis cite les diverses études sur lesquelles la commission s’est appuyée. Citons par exemple l’impact du COVID sur la médecine générale, une comparaison internationale, le nombre actuel de professionnels en droit de prester, etc. Pour la médecine générale, dit le rapport, de nouvelles hypothèses ont été établies, tenant compte de la réduction rapide des ETP (-20% d’ici à 2031) et d’une augmentation linéaire de la consommation de soins spécifique à chaque groupe d’âge.
C’est ainsi que le quota attribué à la médecine générale sera de 507 en Communauté flamande et 473 en Communauté française. Dans ces propositions, dit la commission, il a été «délibérément choisi de renforcer prioritairement le nombre de médecins généralistes.» Mais ce choix est assorti de recommandations d’organisation, d’encadrement et de soutien pour la première ligne.
«Ce ne fut pas simple» commente le Dr Pierre Drielsma (GBO), «mais nous y sommes parvenus». En plus de ce quota de 473 futurs généralistes côté francophone, on peut aussi compter sur un petit contingent de médecins étrangers. On peut être satisfait du projet: «le Collège de Médecine Générale (CMG), notamment, avait réclamé 50% de généralistes et nous serions ainsi à 51%».
Et de rappeler tout de même que dans les années immédiates à venir, il restera un «creux dans la démographie de la médecine générale. On fait de plus en plus face, en effet, à un nombre croissant de patients chroniques, qui demandent plus de temps, alors que le nombre d’équivalents temps-plein diminue.» Et il reste à voir ce qui sortira du projet au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles, conclut le Dr Drielsma.
Du côté universitaire également, la réaction est favorable «C’est bien pour la médecine générale.
La commission a choisi en faveur d’une première ligne forte», commente le Pr Cassian Minguet, responsable du Centre Académique de Médecine Générale à l’UCLouvain. «Nous nous étions mis d’accord au niveau du CMG pour réclamer d’une même voix 50% de futurs généralistes, pour marquer les esprits. Cela a produit ses effets. Mais nous venons de 43%»
Le Dr Luc Herry (ABSyM) se réjouit lui aussi de l’avis. «On a enfin tenu compte de la réalité des ETP», explique-t-il. «Le nombre de futurs médecins généralistes proposé dans l’avis est satisfaisant. Cela va ajouter des forces vives à la médecine générale. Nous avons actuellement plus de 300 médecins inscrits à l’assistanat. Il en sera encore ainsi dans les années qui viennent, puis on passera à plus de 400 par an.
Dans une dizaine d’années, nous aurons ainsi environ 3000 généralistes en plus. Cela permettra de soutenir le départ des aînés qui le décideront et de répondre aux souhaits de fonctionner avec des durées de temps plein plus réduites.» Le Dr Herry soulève néanmoins quelques questions: «aurons-nous assez de candidats? les jeunes généralistes accepteront-ils de s’installer dans les zones en pénurie? qu’en sera-t-il de la tendance qui se dessine, avec des médecins français mécontents qui viennent s’installer chez nous?» Et de souhaiter que le pouvoir politique suive les recommandations de la commission. «Quant à la médecine spécialisée, la discussion risque d’être délicate et ce sera l’affaire des régions» conclut Luc Herry.
Le document mis en ligne par le SPF Santé Publique et qui présente l’avis de la commission précise que «Cette information est faite dans le cadre de la loi du 23 mars 2021 relative à un examen de proportionnalité préalable à l'adoption ou la modification d'une réglementation de profession dans le secteur de la santé.»
> Lire l’avis formel de la commission fédérale de planification
Quota des spécialités 2029 > 2033
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Com. FL |
Com. FR |
Médecine générale |
507 |
473 |
Pédiatrie |
29 |
25 |
Gériatrie |
30 |
20 |
Ophtalmologie |
27 |
20 |
Otorhinolaryngologie |
17 |
11 |
Dermato-vénéréologie |
18 |
14 |
Médecine d’urgence et aiguë |
26 |
24 |
Médecine interne |
68 |
59 |
Cardiologie |
20 |
15 |
Gastro-entérologie |
18 |
12 |
Pneumologie |
14 |
7 |
Rhumatologie |
9 |
8 |
Médecine physique et réadaptation |
17 |
12 |
Oncologie médicale |
10 |
8 |
Radiothérapie-oncologie |
7 |
3 |
Anesthésie-réanimation |
52 |
37 |
Chirurgie |
32 |
21 |
Chirurgie plastique |
7 |
4 |
Neurochirurgie |
7 |
3 |
Stomatologie |
8 |
5 |
Chirurgie orthopédique |
26 |
17 |
Gynécologie-obstétrique |
21 |
20 |
Urologie |
13 |
6 |
Anatomie pathologique |
12 |
7 |
Biologie clinique |
21 |
12 |
Radiodiagnostic |
25 |
24 |
Médecine nucléaire |
6 |
5 |
Psychiatrie, particulièrement en psychiatrie infanto-juvénile |
22 |
12 |
Psychiatrie, particulièrement en psychiatrie adulte |
52 |
27 |
Neurologie |
19 |
16 |
Génétique clinique |
4 |
2 |
QUOTA FÉDÉRAL |
1.144 |
929 |