La Chambre a approuvé jeudi en séance plénière le projet de loi de la ministre de la Santé, Maggie De Block, organisant à l'avenir une répartition des quotas INAMI pour les candidats-médecins fixée par la Cour des comptes selon les chiffres de la population par Communauté. La Cour doit établir cette clé annuellement avant le 31 mars.
La loi fige la répartition actuelle, garantie par un accord politique scellé moyennant l'organisation d'un examen d'entrée en Communauté française, permettant d'assurer un avenir à 3.590 étudiants francophones. Rappelons que cet examen est organisé en Flandre depuis 20 ans.
Pendant ce temps, un certain nombre d'étudiants surnuméraires ont été enregistrés du côté francophone, et 1.531 étudiants francophones surnuméraires calculés sur la période 2004-2021 seront déduits chaque année, à partir de 2024, des futurs quotas, et ce, jusqu'à élimination de l'excédent.
A Bruxelles, la répartition des quotas sera organisée selon le critère de la population scolaire âgée de 6 à 18 ans. La disposition est contestée par l'opposition francophone comme le reste du dispositif, car, à ses yeux, elle est sans lien avec les besoins sanitaires de la Région, et favorable aux néerlandophones. Ce critère a aussi été épinglé dans un avis sévère du Conseil d'Etat qui voit dans le projet un risque de porter atteinte à la répartition des compétences entre niveaux de pouvoirs, et partant, de compromettre l'offre médicale et universitaire d'une Communauté.
Rappelons aussi que le texte avait fait l'objet d'une procédure en conflit d'intérêts par le parlement francophone bruxellois qui avait gelé le projet pendant plusieurs mois.
Le vote de la loi met un terme, au moins provisoirement, à une longue polémique entre le gouvernement fédéral et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le débat a néanmoins montré combien les tensions restaient vives entre les deux communautés linguistiques du pays dans ce dossier.
La majorité a voté en faveur du texte avec le sp.a. Le PS, le cdH et DéFI ont voté contre le texte ainsi qu'un écologiste. Le reste des Verts s'est abstenu.
Pour sa part, le CIUM (Comité InterUniversitaire des étudiants en Médecine) se dit révolté par "un projet de loi scandaleux qui balaie les évidences statistiques qui décrivent une pénurie en Wallonie. En effet, malgré le pourcentage de population plus élevé en Flandre qu’en Wallonie, la Flandre remplacera plus de médecins d’ici 2025 (150% du pourcentage de médecins partant à la pension) que la Wallonie (43%) d’après l’étude Deliege."
Pour le CIUM, cette nième décision confirme "l’attitude irresponsable et inconsciente avec laquelle le gouvernement MR/N-VA traite les questions liées aux soins de santé."
Selon Giovanni Briganti, co-président du CIUM, cette décision sera responsable d’une pénurie prononcée de médecins tant de généralistes que de spécialistes : "les délais d’attente augmenteront de façon vertigineuse et plusieurs départements hospitaliers ne pourront plus assurer leurs activités de façon normale. La population sera la victime ultime de ces décisions dogmatiques "
Le CIUM s’engage à consulter les députés engagés dans le combat afin d’envisager des solutions communes.
La majorité #begov et la ministre De Block ont donc décidé de bétonner dans une loi un système qui limite strictement les Belges à pratiquer comme médecin/dentiste mais qui laisse la porte grande ouverte aux médecins/dentistes étrangers. #absurdité #inami pic.twitter.com/pGnuJN25Wu
— Catherine Fonck (@catherinefonck) 16 mars 2018
L’attitude du @MRChambre doit être diffusée largement auprès des étudiants en médecine, médecins, et citoyens. Tout le monde doit bien comprendre que ce parti ne défend pas les francophones; pire, par leur médiocrité et incompétence, ils plombent l’avenir de nos soins !
— Jay Lechien, MD, PhD (@JeromeLechien) 16 mars 2018
Comment mélanger médecine et politique ! Ce discours là n’a pas sa place dans le débat santé... sinon je peux aussi t’en dire autant sur d’autres partis qui ont fait pire que bien. Notre rôle devrait être de travailler avec LES politiques en vue d’améliorer la santé et les soins
— Gilbert Bejjani (@drbejj) 16 mars 2018
@drbejj qu’en pensez vous de la mesure adoptée ?
— Giovanni Briganti (@giovbriganti) 16 mars 2018
Venant d’un représentant d’un syndicat médical cette remarque est un peu schyzo, non?
— Florence Hut (@florehut) 16 mars 2018
C’est une remarque « générale ». Comme tu sais, les politiques changent, les médecins restent. Il faut éviter de pointer du doigt mais essayer d’influencer et d’améliorer... au long terme. Je m’exprimerai sur le dossier en question après une lecture sereine. c’est moins schyzo ?
— Gilbert Bejjani (@drbejj) 16 mars 2018
Le point n’est pas que tu attendes d’avoir lu le dossier pour t’exprimer. Le point est que tu contestes le droit à un représentant des professions médicales de s’exprimer sur une politique de santé avec laquelle il n’est pas d’accord alors que tu bosses toi-même pour un syndicat
— Florence Hut (@florehut) 16 mars 2018
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