La médico-mut devrait, incessamment, avaliser des seuils d’usage d’une demi-douzaine d’outils d’e-santé. Les respecter, c’est marquer des points pour l’obtention de la nouvelle prime informatique modulable. Marcel Bauval, vice-président du GBO, rappelle comment on en est arrivé à ces contraintes, que son syndicat a tenté de rendre moins irréalistes.
«On finit par oublier que l’informatisation médicale est partie du simple DMI, supposé remplacer le dossier papier en tant que ‘mémoire du médecin’», contextualise le Dr Bauval. «Le dossier informatisé, c’était une amélioration, à l’avantage du médecin et du patient. Au départ, il n’était pas question de télématique. Les aspects de transmission et administratifs se sont greffés par la suite.»
Puis, au fil des ans, relate le vice-président, les autorités ont insisté pour que les MG démontrent qu’ils faisaient bon usage de l’argent qui leur était alloué pour informatiser leur pratique. «On a commencé à discuter, en médico-mut, de deux ou trois outils dont vérifier l’utilisation. En parallèle à ces discussions, se construisait le plan e-santé, dans d’autres instances, nous laissant la très mauvaise impression d’une marche forcée, d’une quête de résultats rapides quels que soient l’état des logiciels, la préparation des médecins, le fonctionnement du système dans son ensemble. On a vécu une charge massive du cabinet De Block pour nous imposer des contraintes avec parfois une méthodologie de travail peu acceptable, et la modification unilatérale de propositions négociées», indique le syndicaliste. La réflexion sur l’e-santé continue d’être éparpillée et accélérée : «le contenu, la responsabilité du MG qui remplit le sumehr… sont toujours en discussion dans un groupe de travail e-Health qu’on nous impose déjà d’en produire.»
Dans l’accord conclu fin 2015, la médico-mut a admis le principe, pour moduler le montant de la nouvelle prime informatique, d’apprécier l’usage de six services d’e-santé (e-prescription via Recip-e, chapitre IV électronique, gestion électronique du DMG, consentement éclairé des patients avec DMG, e-Fact des BIM et sumehrs). «En mai, un premier groupe de travail (GT) soi-disant médico-mut, supposé dirigé par l’administration, a été essentiellement piloté par un membre du cabinet De Block, sur un mode directif, en voulant imposer des seuils élevés.» Il a fallu un second round en GT pour ramener le cabinet à des exigences moins coupées des réalités, relate le Dr Bauval. Si le GBO trouve certaines valeurs de compromis encore hautes par rapport à ce que lui-même préconisait, il admet la rétrogradation que la ministre a acceptée.
Le GBO déclare que, dans la suite de ces discussions, à la prochaine médico-mut, il continuera à défendre l’idée de l’informatisation mais pas en visant des performances que seule une poignée de médecins atteindraient. Pour en revenir à l’idée originale de l’informatisation médicale, apportant une plus-value au médecin, à son patient, à la santé publique…, «il faut un système stable, avec des buts raisonnables pour commencer, auquel le plus grand nombre adhère».
Cet historique du Dr Bauval à propos des contraintes croissantes sur la prime informatique est complémentaire à un article à paraître dans le Medi-Sphere n°521.