Georges Verpraet, nouveau président de pharmacy.brussels, appelle à une évolution législative pour renforcer la coresponsabilité des pharmaciens, des médecins et des patients dans le traitement médicamenteux. "À notre niveau, nous ne voulons pas prendre la place des médecins, mais mieux travailler ensemble. Le pharmacien est le spécialiste des médicaments et le médecin est le spécialiste de la pathologie, du diagnostic."
À la tête de pharmacy.brussels (le prolongement direct de l’Union Professionnelle des Pharmaciens de Bruxelles (UPB-AVB) qui existe depuis 1893) depuis un mois, le pharmacien Georges Verpraet nous accorde sa première interview. Lui qui a notamment été membre de la direction journalière de l’APB jusqu’en décembre 2021, est conscient des enjeux de santé pour les pharmaciens dans la Capitale : « Notre paysage est un peu mixte avec des grandes et des petites pharmacies avec leurs propres défis. Je suis très attentif à leur développement face aux nouveaux services (BUM, sevrage Benzo, revue de médication...) qui peuvent avoir un impact positif sur la santé des patients et sur le coût des soins de santé. »
À Bruxelles, le pharmacien, bien formé, a un vrai rôle à jouer en première ligne. « Il est accessible au moins de 9 h à 19 h quand les portes de la pharmacie sont ouvertes. Je rappelle que, pendant le covid, la vaccination et le testing ont commencé à Bruxelles parce que les besoins y étaient plus concrets. Cela a servi d’exemple pour le reste du pays. »
Le pharmacien, spécialiste du médicament
En cette période pré-électorale, que devraient réaliser les partis politiques pour les pharmaciens ? « Le ministre Vandenbroucke, sans le défendre, a fait des efforts concrets pour la profession. À notre niveau, nous ne voulons pas prendre la place des médecins, mais mieux travailler ensemble. Le pharmacien est le spécialiste des médicaments et le médecin est le spécialiste de la pathologie, du diagnostic. Dans la délivrance et l’avis à propos d’un traitement médicamenteux, je pense que la loi doit évoluer. Il faut donner plus de possibilités aux pharmaciens d’agir. Je lance un appel au monde politique : le médecin et le pharmacien, et si possible le patient même, doivent être coresponsables du traitement. L’objectif n’est que de mieux guérir le patient. »
La digitalisation pour améliorer le niveau de soin
Les pharmaciens ont été parmi les premiers prestataires de soins informatisés. « J’ai acheté mon premier ordinateur dans ma pharmacie en 1987. Je crois fortement à la digitalisation et l’automatisation. Cela ne doit jamais être un but en soi, mais un instrument pour améliorer le niveau de soins. »
Il attend une amélioration des logiciels : « Les sociétés de logiciels livrent des programmes pour vendre des médicaments. Les logiciels devraient être améliorés au niveau des interactions de médicaments et en matière de liens efficaces avec la première ligne. »
Autre exemple, le programme « PHIL » de l’APB est bien fait, selon lui, mais l’apparition des POPUP sur les écrans n’est pas toujours adaptée à la pratique du pharmacien. « Les POPUP ne sont pas assez précis, par exemple, pour les interactions avec les femmes enceintes ou si la délivrance du médicament est liée à l’âge. Ils gênent le travail... »
Faire évoluer la pharmacie
Pour lui, les pharmaciens ont aussi besoin d’avoir accès à certaines données cliniques : « La délivrance de certains médicaments nous demande d’avoir des données précises et ce n’est pas le cas aujourd’hui. Dans la pratique, le BUM et la revue de médication montrent l’importance du pharmacien dans cette démarche envers le patient. »
Autre exemple d’une indispensable évolution à terme, la pharmacogénétique : « Les Pays-Bas sont plus en avance que nous. Certains médicaments comme les statines, par exemple, demandent une analyse génétique pour être prescrits au mieux. Le pharmacien doit pouvoir attirer l’attention du médecin et du patient à ce niveau… globalement, cela peut permettre une réduction des coûts des soins de santé. »
L’importance d’une union professionnelle
La question de la garde à Bruxelles retient toute son attention : « Le patient doit être la priorité. On doit lui permettre d'avoir accès à une pharmacie dans une certaine proximité 7/7-24/24. À cela, il ne faut pas oublier le confort des pharmaciens durant la nuit. Là aussi, si les tailles de pharmacies étaient plus grandes, les gardes seraient plus confortables. D’ailleurs, je tiens à le rappeler : la garde fait partie du métier. »
Dans son nouveau rôle, il souligne évidemment l’importance d’une union professionnelle. « Nous soutenons les pharmaciens, mais il faut que les pharmaciens lisent nos communications. Nous, ensemble avec l’APB, expliquons, défendons et tenons informés tous nos membres à propos des lois, des directives, de l’évolution du métier… Nous travaillons pour le futur des pharmaciens indépendants dans leur pharmacie. »
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