Sofie Merckx (PTB): « Notre proposition de loi "Sans argent chez le généraliste" a reçu plusieurs avis favorables.

Après avoir fait le tour des programmes des partis et de leurs propositions dans la santé , nous allons maintenant donner la parole à des médecins qui se sont engagés pour les prochaines éléctions dans les différents partis francophones. Pour cette troisième entrevue , un médecin qui se présente sur les listes du PTB .

Médecin généraliste, cheffe de groupe au Parlement fédéral, qui mènera la liste du PTB pour les élections fédérales de 2024 dans le Hainaut, Sofie Merckx n'en sera pas à ses premières élections : « Je suis élue au niveau communal depuis 2012 et au niveau fédéral depuis 2019. » Pour elle, « Voter pour le PTB en 2024, c'est faire le choix de la rupture avec la politique des partis politiques traditionnels. » Depuis septembre 2023, elle ne pratique plus dans un cabinet. « Avec la campagne électorale, j'ai dû faire un choix, mais j'espère pouvoir reprendre après les élections, enfin, suivant les résultats, évidemment. J'ai besoin de ce contact avec le terrain et les patients. Cela me manque. Être médecin généraliste, c'est une fenêtre sur le monde. Tous les jours, je vois la vie du quartier dans mon cabinet. Je garde un contact avec les médecins et les autres soignants qui m'expliquent tous leurs soucis. Dans la pratique, on se rend compte des soucis quotidiens des patients, de leurs difficultés dans l’achat des médicaments (pénurie ou coût) ou des relations avec les hôpitaux (rendez-vous IRM trop lointains...). »

Un enjeu crucial

Ce contact quotidien permet à Sofie Merckx d’affirmer que la santé sera un enjeu crucial des prochaines élections. « On peut s’étonner, en lisant les programmes de certains partis, que la santé redevienne une variable d’ajustement budgétaire. Cela nous fait terriblement peur, au PTB. On ne peut pas être d’accord. Certains, comme le MR et le VLD, ont oublié les leçons du Covid. Je rappelle que le Bureau du Plan a dit que la norme de croissance devait être de 3,5 %. Je crains que les volontés d’économie dans les soins de santé de la part de certains partis finissent par avoir un impact sur les soignants et leur travail. »

Urgence de la prévention

Quatre ans plus tard, aucune leçon n’a été tirée, selon elle : « Au niveau institutionnel, rien n’a changé, alors qu’on sait que l’on doit investir dans la prévention. Aujourd’hui, le personnel soignant est à bout de souffle. Il ne faut pas oublier qu’on trouve un nombre de malades de longue durée dans le personnel des hôpitaux... qui est le double du reste de la population. On doit les aider concrètement. »

Les soins au patient doivent aussi gagner en proximité : « Nous voulons une vraie approche par quartier pour chaque patient, avec des districts de santé. Dans chaque territoire, tous les acteurs de première ligne doivent se mettre ensemble avec des maisons médicales (ou des médecins privés) qui couvrent adéquatement tout le territoire. Il faut surtout aussi une seconde ligne plus accessible aux patients. »

Cette accessibilité aux soins doit aussi être abordée sur le volet financier : « Le PTB a depuis longtemps une proposition de loi "Sans argent chez le généraliste" qui vise à appliquer ce système de tiers payant à l'ensemble des soins de première ligne. Nous demandons que les patients puissent aller chez le médecin, le dentiste, le kinésithérapeute, le logopède ou le psychologue sans avoir à avancer d'argent. En 2021, aussi bien l’INAMI que la Cour des comptes ont confirmé, dans un avis favorable, que notre proposition est réalisable et rentable. Il ne faut pas avoir fait un grand master en médecine pour se rendre compte de l’impact positif en matière de prévention. C’est aussi une manière de désengorger les urgences des hôpitaux. »

Spécialistes : des réformes importantes

Au niveau de la seconde ligne, elle attend aussi des réformes : « Pour les honoraires des spécialistes, nous devons agir à plusieurs niveaux à long terme et à court terme : à long terme, il faut sortir de la médecine à la prestation, à l’acte. Nous devons prendre exemple sur les hôpitaux universitaires, où les médecins sont salariés. Par ailleurs, il faut aller plus loin dans la suppression des suppléments d’honoraires pour tous les patients. »

Elle entend aussi lutter contre les pénuries de médicaments et certains profits : « Il est temps aussi qu’on ait une meilleure analyse des contrats secrets qui sont conclus avec les firmes pharmaceutiques. Je n’entends jamais le MR parler de ce problème-là. »

Prête à être ministre de la santé

Au fil de l’interview, Sofie Merckx se dit prête à devenir ministre de la santé si le PTB entre au gouvernement : « C’est une question que beaucoup de gens me posent, mais cela dépendra évidemment du résultat des élections. » En attendant, elle donne un dernier conseil au ministre Vandenbroucke : « Il doit être plus à l’écoute et faire vraiment plus de concertation, surtout pour un socialiste. »

Enfin, pour elle, réfléchir à la santé et au bien-être de la population, « c’est aussi contribuer, comme l’a fait le PTB, à aller chercher la diminution de la TVA de 21 à 6 % sur l'énergie. C’était une belle victoire, pour laquelle on s’est battus à coup de milliers de signatures de notre pétition et en symbiose avec le mouvement social. On se bat aujourd’hui avec le même état d’esprit pour que la TVA sur les aliments de base soit abaissée à 0 % et pour l’arrêt du blocage salarial. »

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