Dans le contexte des discussions autour de la note Arizona, les négociations en santé se heurtent à de nombreux blocages. Médecins et infirmiers dénoncent l’absence de représentants issus du terrain pour aborder des sujets sensibles comme la forfaitarisation des soins ou la réduction des suppléments d’honoraires. Pendant ce temps, l’attractivité du métier infirmier reste sans plan concret.
Alors que les professionnels de santé se font rares autour de la table des négociations, les experts se penchent sur les points de blocage. Au sein du secteur de la santé, de nombreux médecins et infirmiers attirent notre attention sur ce sujet : « N’est-il pas inquiétant de voir des techniciens penser à l’avenir de notre métier alors qu’ils ne sont jamais dans les cabinets médicaux, ni dans les hôpitaux au quotidien, au contact des patients et des maladies ? » Si un médecin ou un infirmier ne fait pas nécessairement un bon négociateur, il est tout de même urgent de se poser la question des personnes qui les représentent, selon nos intervenants. « La santé n’est pas qu’une question de chiffres. Parfois, des coupes budgétaires engendrent des coûts plus élevés sur le terrain », ajoute ce syndicaliste médical, fataliste : « Cette note, pour ce que j’en connais, ne s’inscrit pas dans une vision à long terme de la santé. Pourtant, c’est vraiment ce dont nous avons besoin aujourd’hui. »
Un forfait en débat
Nous vous avions déjà parlé des dossiers qui crispent : les mutuelles et la norme de croissance. Nous ne reviendrons pas sur ces deux points, qui font partie des arbitrages actuels. Un autre sujet fait débat : le système forfaitaire. En effet, le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, se montre satisfait des premiers mois du New Deal et de la forfaitarisation partielle des soins de santé. Il souhaiterait étendre cette démarche à d’autres secteurs. Selon les partisans de cette approche, la forfaitarisation permettrait d’assurer une meilleure soutenabilité financière à long terme pour les soins de santé. Inutile de dire que tous les partis autour de la table ne partagent pas cette vision...
Une diminution des suppléments
La question des suppléments d’honoraires est également sur la table, tout comme le statut BIM et le maximum à facturer, qui font partie de la note socio-économique. La suppression des suppléments d’honoraires, ou leur diminution, soulève des interrogations. Si l’on peut comprendre le volet symbolique d’une telle mesure (qui permettrait, de surcroît, de diminuer le poids des mutuelles dans ce débat), certains rappellent l’impact immédiat qu’une telle décision aurait sur les finances des hôpitaux.
Les finances des hôpitaux
La question des cotisations (de base et de responsabilisation) refait surface, et elle n’est pas anodine pour les hôpitaux. Le fédéral pourrait intervenir dans cette problématique, qui touche principalement les hôpitaux bruxellois et wallons, mais dont les répercussions vont bien au-delà du secteur de la santé, puisqu’elle concerne également les CPAS et les communes. Pour rappel, Santhea s’était penchée sur cette question complexe et avait souligné que « les charges relatives aux pensions du personnel statutaire local sont de plus en plus élevées pour les institutions de soins, notamment à cause de l’augmentation insoutenable de la contractualisation croissante de la fonction publique, avec pour conséquence l’amoindrissement de la masse salariale sur laquelle prélever les cotisations du personnel nommé, réduisant de facto la contribution au Fonds de pension... »
Plus inquiétant encore : actuellement, il n’existe toujours pas de véritable plan d’attractivité ou d’investissement pour le secteur infirmier.