Robots, intelligence artificielle et enceintes intelligentes devraient dans le futur alléger la charge de travail des médecins et abaisser le risque de burn-out… ou c’est en tout cas la conviction du professeur et auteur américain Eric Topol.
Le NHS britannique a publié le mois dernier un rapport consacré à la révolution technologique dans le secteur des soins, fruit de travaux dirigés par la cardiologue et auteur américain Eric Topol, également fondateur du Scripps Research Translational Science Institute à La Jolla, en Californie. L’expert affirme que, d’ici à une vingtaine d’années, 90% des emplois au sein du NHS nécessiteront des connaissances informatiques – une ‘révolution’ technologique qui devrait toutefois aussi, d’après lui, avoir des répercussions bénéfiques sur la relation médecins-patients et sur le nombre alarmant de cas de burn-out et de dépression dans le corps médical.
Il a encore réitéré cette position la semaine dernière dans une interview avec le New York Times à l’occasion de la parution de son nouveau livre, intitulé “Deep Medicine: How Artificial Intelligence Can Make Healthcare Human Again”.
Le Dr Topol est en effet convaincu que les possibilités de l’IA vont bien au-delà de l’affinage des diagnostics et des traitements. Elle pourrait ainsi aider les médecins à prendre des notes ou à lire des scans, ce qui libérerait du même coup plus de temps pour les patients.
Accepteriez-vous d’être opéré(e) par un robot?
«Le personnel représente le principal poste de coûts dans les soins de santé aux États-Unis, où ce secteur est aujourd’hui l’un des plus gros employeurs. En améliorant les prestations humaines, l’IA pourrait accroître non seulement la productivité mais aussi l’efficacité, les flux de travail, la précision et la rapidité tant pour les médecins que pour les patients.»
Les médecins seront-ils pour autant remplacés par des robots intelligents dans le futur? «Absolument pas. Les robots peuvent accroître la précision de la microchirurgie – comme on a eu l’occasion de le voir dans les interventions de la rétine – et l’avenir nous réserve certainement des modèles encore meilleurs, mais nous aurons toujours besoin de chirurgiens. L’IA va simplement améliorer les machines… et qui voudrait être opéré par un robot?», lance le Dr Topol. L’expert est en outre bien conscient des problèmes potentiels touchant à la responsabilité, aux atteintes à la vie privée, à la sécurisation, au hacking, au risque de voir se creuser les inégalités dans les soins, aux préjugés ou encore aux questions éthiques.
«Ce que je trouve par contre formidable, c’est la possibilité d’utiliser le futur pour ressusciter le passé, pour rendre aux soins de santé leur dimension ‘soignante’ – par exemple en donnant plus de temps à nos médecins, qui sont aujourd’hui de plus en plus confrontés au burn-out et à la dépression, et plus d’autonomie aux patients qui le souhaitent. Les médecins devront toutefois veiller à défendre les intérêts de ceux qu’ils soignent et éviter à tout prix que leur productivité accrue ne se solde par davantage de pression ou ne vide la relation médecin-patient de sa substance.»