L’exposition BrAInpower au Rijksmuseum Boerhaave à Leyde, aux Pays-Bas, propose un petit tour de l’histoire de l’intelligence artificielle et présente quelques-unes de ses applications les plus spectaculaires. Bas Haring, professeur en vulgarisation scientifique, en est le conservateur invité.
«Nous avons sciemment décidé de ne pas présenter que les applications dernier cri dans le domaine de l’IA », explique le Pr Haring, qui a conçu l’exposition en collaboration avec Ad Maas, conservateur du musée des sciences Boerhaave. «Certains voient dans l’IA une technologie un peu effrayante qui s’est développée de façon soudaine au cours des dix dernières années. Je ne vous dirai pas s’il faut ou non en avoir peur, mais je pense qu’il est important que les avis à ce sujet reposent sur la science. Au travers de cette exposition, nous voulons expliquer que ce n’est pas quelque chose qui est apparu comme par magie : simplement, les ordinateurs sont progressivement devenus de plus en plus rapides, ce qui a ouvert la porte à un nombre croissant d’applications.»
De meilleurs traitements grâce aux données
L’exposition accorde donc une attention considérable au développement des techniques de calcul et de mesure, d’astucieuses inventions anciennes (comme cet engrenage vieux de 200 ans qui permet de déterminer la position des corps célestes) aux algorithmes de sélection des sites de rencontres en passant par l’utilisation des mégadonnées dans le cadre des traitements oncologiques. «De nombreuses applications me portent à l’optimisme», souligne le Pr Haring. «C’est tout de même extraordinaire que les données permettent de mieux traiter les maladies. Et que dire de cette invention d’étudiants de Delft, qui ont imaginé un ordinateur qui peut se suspendre comme une sorte de radiateur pour chauffer une pièce? Ou de ma montre intelligente, qui m’avertit quand mon train a du retard?»
Le Pr Haring est toutefois bien conscient que l’IA a aussi sa part d’ombre et apporte avec elle son lot de dilemmes. L’exposition n’élude donc pas les questions délicates. Sommes-nous prêts à accepter que des algorithmes décident de ce que nous voyons sur les réseaux sociaux ? Si une voiture autonome provoque un accident, qui est responsable? «Bien souvent, les côtés négatifs ne tiennent pas tant à la technologie qu’aux choix des utilisateurs, comme p.ex. celui d’utiliser des algorithmes discriminatoires pour les services des impôts. Je me demande aussi comment nous allons pouvoir continuer à faire la différence entre le vrai et le faux si les deepfakes ou hypertrucages continuent à devenir de plus en plus sophistiqués. Qui sait, peut-être pourront-ils un jour être utilisés comme preuve d’un cambriolage ou d’un autre délit», observe le Pr Haring.
Comment pouvons-nous éviter, en tant que société, que l’IA ne tourne au vinaigre? «Les experts en données et techniciens ne réfléchissent pas toujours suffisamment aux conséquences et applications de leurs inventions, et nous devons collectivement faire preuve d’une vigilance accrue face à ce risque.» Le Pr Haring proposera à partir de janvier 2023 un cours sur le thème « IA et éthique » dans le cadre de la formation en IA et informatique de l’université de Leyde. Au mois d’octobre, il a également publié un livre pour enfants sur le thème de l’IA, intitulé «Kunstmatige Intelligentie is niet eng».
L’exposition BrAInpower se tiendra jusqu’au 5 mars 2023 au Rijksmuseum Boerhaave.