Xavier Brenez, directeur général des mutualités libres, s’exprime pour le Collège intermutualiste, auteur de l’enquête de satisfaction face à la téléconsultation . Enormément de questions devront être examinées pour ancrer cette pratique dans le paysage médical belge.
Il y a un taux non négligeable de téléconsultations dont l’initiative a été prise par le prestataire, pas forcément en remplacement d’une consultation programmée. Les mutuelles ont-elles le sentiment que les professionnels ont parfois ‘poussé à la consommation’ ?
Xavier Brenez : « il est très difficile de tirer des conclusions sur ce plan. L’objectif de notre enquête était de tester la réceptivité des gens à la téléconsultation, et pas de juger si une prestation était pertinente. Ce n’est pas étonnant de voir un certain nombre de cas de consultations initiées par les professionnels. Il y a eu de l’activité pendant la crise, peut-être dans une moindre mesure, mais des opérations, des examens… ont eu lieu. Il fallait des contacts de suivi. Maintenant, sommes-nous devant un taux normal, anormal… ? C’est hasardeux de conclure. »
La majorité des consultations ont duré moins de 10 minutes. Auprès des MG, elles portaient souvent sur des demandes de prescription. Il existe un code 109012 pour ‘l’avis’, à 4 € mais pas par téléphone, et un code 101135, pour la continuité, à 20 €… Ne faudrait-il pas rebattre les cartes, ‘rééchelonner’ ce qui se fait à distance, selon la nature et la durée des prestations ?
XB : « Oui, tout à fait. Je rappelle qu’on est face à un système conçu dans l’urgence, se voulant simple – en gros c’est 20 € pour tout le monde sans TM et sans supplément. On ne va pas le pérenniser à l’identique. L’enquête alimentera les discussions à l’Inami. Il y a énormément de questions à examiner : le montant des honoraires, la granularité de la nomenclature (faut-il un ou plusieurs codes ?), les conditions d’utilisation, la présence ou pas d’une quote-part (et si oui, perçue par quel circuit ?), les suppléments… Apparemment, il y a eu des perceptions de ticket modérateur. Cela étant, c’est très minoritaire. Par ailleurs, le système fonctionne sur prestation déclarée, sans contrôle - un risque assumé dans une période de crise. A présent, nous avons besoin d’un dispositif plus élaboré. »
Votre rapport cite un répondant méfiant devant des canaux comme WhatsApp, Zoom ou Skype, qui suggère la mise en place par les OA d’une application unique de vidéo-consultation. Est-ce envisagé ?
XB : « Toutes les options sont ouvertes. Durant le confinement on a vu apparaitre diverses solutions informatiques. Qu’il y ait de la concurrence peut donner une émulation vers de la qualité. Il serait intéressant d’avoir le feedback des prestataires – pour les autres aspects de l’enquête aussi d’ailleurs, l’avis des patients n’étant qu’une facette. S’il apparait qu’une plateforme opérée en tout ou en partie par les mutuelles présente des avantages, nous serions prêts à considérer la formule. Si jamais on évolue vers la vidéo-consultation, il y aura de toute façon des barrières à lever. On le voit avec nos médecins-conseils : c’est déjà plus complexe que le téléphone. Il faudra prévoir un accompagnement tant des patients que des professionnels.
Avec la crise, certains tabous sont tombés. C’est le moment d’avancer avec des solutions bien pensées. En tout cas, l’enquête démontre que la téléconsultation répond à une demande, par exemple pour le non-urgent, les attentes plus administratives et les soins de continuité. »
> L'intégralité du rapport sur l'enquête intermutualiste TéléConsultations
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