Luxembourg : le torchon brûle entre les médecins et le ministre de la santé

Alors que certaines tensions existent chez nous, sur la question budgétaire, entre le secteur des soins de santé et le ministre de la santé Frank Vandenbroucke, la situation a pris des proportions bien plus importantes au Luxembourg, entre les médecins et la ministre de la Santé actuelle, Paulette Lenert (LSAP) et même la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL).

Cette semaine, l’AMMD, l’Association des médecins et médecins-dentistes luxembourgeois, tenait une assemblée générale extraordinaire accueillant environ quelque 250 professionnels de santé du pays. Elle dénonce l’immense malaise de leur secteur et une politique de santé faite «d’idéologie, d’ignorance, d’insouciance, d’incohérence et d’incompétence». rapporte dans son édition online Paperjam.

Les principaux griefs

Pour Alain Schmit, président de l'AMMD, «les patients ont été abandonnés par la politique de santé des 15 dernières années.  » 
Quels sont les reproches des médecins ? Attente déraisonnable pour une mammographie, faible indemnisation des médecins lors des gardes et astreintes légalement imposées, politique défavorable au libre exercice du métier de radiologue dans le cadre de la polémique autour de l’achat de matériel de radiologie en dehors des structures hospitalières, diminution de l’attractivité du pays pour les médecins...  

Sur le terrain, la situation est délicate : En avril dernier, le Centre hospitalier du Nord avait décidé de fermer temporairement la maternité de son site d’Ettelbruck face au manque de pédiatres spécialisés en néonatologie. Plus récemment, six cardiologues ont démissionné du CHDN face à une politique de rémunération des gardes et des astreintes inadéquates à la réalité du terrain.
La transparence digitale
Au niveau de la stratégie digitale, l’AMMD ne cesse d’affirmer un manque de transparence sur le fonctionnement de l’agence eSanté et parle, avis juridique à l’appui, d’illégalité en ce qui concerne le dossier patient partagé.
Par ailleurs, pour l'AMMD, le dernier «Gesondheetsdësch» (table ronde sur la santé) s’est soldé par une «une occasion manquée»... à un an des élections législatives.
La réponse de la FHL

Attaquée par l'AMMD, la FHL (fédération des hôpitaux) rappelle que «la pénurie de médecins ne touche pas uniquement le Luxembourg. C’est toute l’Europe qui est touchée.  Au sein des hôpitaux, nous ne voyons pas une fuite des médecins», a assuré René Metz, vice-président de la FHL et directeur général du Chem. «Dans son ensemble, le système de santé luxembourgeois est plutôt bon, ce qui est régulièrement confirmé par l’OCDE. »
La FHL plaide pour la poursuite des discussions autour d’un outil comme la Gesondheetsdësch («table ronde sur la santé») et pour un juste équilibre entre un accès aux spécialistes au sein des structures hospitalières et au sein des cabinets privés.

Les chantiers prioritaires
De son côté, Mars Di Bartolomeo (LSAP), député, président de la commission de la santé et ancien ministre de la Santé, juge « irresponsable, de la part de l’AMMD, de vouloir monter les différents acteurs de la Santé les uns contre les autres. La Gesondheetsdësch est un instrument très précieux que l’on ne doit pas condamner. Il y a des chantiers prioritaires comme la démographie médicale, la question des conditions de travail, les chantiers à la formation des médecins... »

Le débat n’est certainement pas terminé....

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