Tir groupé de démos informatiques, le 20 mars, à la plate-forme eHealth. Présentation par Laurette Onkelinx des concrétisations du «plan 2013-2018 d’informatisation de la santé» qui concernent les médecins. Dont l’e-prescription médicamenteuse en ambulatoire. D’abord pour le généraliste, puis pour le spécialiste.
Parmi les applications exhibées figurent l’eHealthBox, boîte gratuite permettant aux MG d’échanger des messages électroniques sécurisés – résultats d’examens, rapports, lettres de sortie… – avec des hôpitaux et des laboratoires d’analyse mais aussi, dorénavant, dans la sphère de l’incapacité de travail dans la fonction publique, de transmettre les 300.000 certificats annuels que Medex traite.
MyCareNet, porté par le collège intermutualiste national, sert pour sa part à consulter le statut d’assurabilité d’un patient via son eID, pour repérer par exemple s’il a droit au tiers-payant ou s’il est déjà inscrit dans une maison médicale. Ce service est déjà disponible pour les hôpitaux, les médecins, les infirmières, les MRS-MRPA-CSJ, les laboratoires et les pharmaciens via le portail MyCareNet ou via le logiciel de l’institution. Dans le courant de l’année, cette consultation de l’assurabilité sera également accessible aux dentistes, aux kinés, aux sages-femmes…
Quant à l’e-prescription en ambulatoire, dont le déploiement prolonge l’expérience Recip-e pilotée depuis 2009 par le VUbiste Marc Nyssen, elle concerne à ce stade les médicaments, mais il est prévu d’inclure ensuite la prescription de soins infirmiers ou de kiné, et d’examens.
Recip-e constitue une plateforme d’échanges électroniques qui s’appuie sur les services d’eHealth. Le médecin ouvre avec son eID et son code PIN une session eHealth (valide pour plusieurs heures) avant de rédiger, à partir de son logiciel habituel de gestion du DMI, une prescription médicamenteuse. Celle-ci est cryptée par eHealth et acheminée automatiquement au serveur Recip-e. Lorsque le médecin imprime sa prescription (car pendant quelques années encore la procédure restera mixte, papier et informatique, d’autant qu’il n’y a pas encore de solution technique pour les ordonnances établies en visite), celle-ci est porteuse d’un code-barres supplémentaire. Le pharmacien chez lequel se présente le patient scanne cette référence spéciale, son logiciel envoie une requête au serveur Recip-e et la prescription décryptée s’affiche à l’écran, de même – puisque le système est couplé à MyCareNet – que l’assurabilité du patient. Une fois exécutée, la prescription disparaît de Recip-e, qui ne stocke donc les «e-ordonnances» que temporairement, sous forme encryptée et non adressée, le patient restant libre de choisir son officine.
Sus à l’indéchiffrable
Pour Laurette Onkelinx, les avantages sont multiples. Outre le fait qu’user d’un module de prescription informatisée offre déjà des garde-fous contre les interactions et les surdosages, la voie électronique résout les problèmes de prescriptions illisibles («or, un pharmacien contacte ± 5 fois par jour un médecin afin de déchiffrer les ordonnances», signale-t-elle), permet la prévention des fraudes (copies, falsifications de quantités…) et une meilleure gestion des prescriptions périmées. A ce propos, Recip-e offre des fonctionnalités supplémentaires au médecin: inventorier les prescriptions qu’il a rédigées mais qui n’ont pas été délivrées, vérifier leur contenu, en retirer l’une ou l’autre en motivant cette action… Mais aussi recevoir un «feed-back Recip-e», puisque, à en croire la récente démo, un pharmacien pourra, par exemple, juger utile de signaler à un médecin traitant qui vient de prescrire une spécialité remboursable que son patient achète déjà régulièrement des produits OTC pour la même indication. A n’en pas douter cette possibilité requiert le consentement du patient. Les autorités signalent aussi que ce dernier pourra – via un portail sécurisé sur lequel il s’identifiera – voir ses prescriptions toujours disponibles et en supprimer, s’il le désire.
Calendrier ambitieux
Dans combien de temps tout cela sera-t-il opérationnel? «Les logiciels pour MG et pharmaciens comportant les fonctions Recip-e seront mis à court terme à la disposition des utilisateurs respectifs», répondent les initiateurs du projet. «Actuellement, environ 95% des logiciels pour généralistes ont été testés avec succès en ce qui concerne Recip-e. Pour les pharmaciens, on estime que la compatibilité s’élève actuellement à 40%. Ces chiffres devraient atteindre les 100% vers la mi-2014.» Le déploiement pour les dentistes, kinésithérapeutes et infirmiers démarrera à la mi-2014. «Dans une phase ultérieure seront traitées les demandes radiographies, celles émanant des laboratoires cliniques et les prescriptions par des spécialistes», annonce Marc Nyssen.
Désireux d’en savoir plus sur ce futur très proche? |
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Un site officiel Recip-e existe, www.recip-e.be, mais à l’heure d’écrire ces lignes, on y lisait surtout des infos d’ordre technique, et encore peu de FAQ pratiques. Le plus parlant: la fiche de présentation du projet à la conférence de presse, en section Documentation. Médicaments chapitre IV: autorisation accéléréeLe chapitre IV électronique prend corps lui aussi, qui, d’après Laurette Onkelinx, devrait permettre que 70% des 1.400.000 demandes d’autorisation chapitre IV circulant par an reçoivent une réponse immédiate et que les 30 autres pourcents voient leur durée de traitement passer de trois à moins d’une semaine. Ce petit «miracle» est possible parce que de nombreuses demandes d’autorisation peuvent être traitées de façon automatique grâce aux données qui figurent déjà dans les ordinateurs des organismes assureurs. Les autres demandes doivent être soumises à la réflexion des médecins-conseils mutualistes. Il se peut, nous a expliqué un de responsables, que pour un médecin présentant un profil de prescription déviant de la norme, l’accord d’autorisation ne soit pas rendu de façon immédiate et automatique. Tant que tous les pharmaciens ne seront pas passés au système électronique, le document papier du patient restera nécessaire. Ce système est prêt à fonctionner: 11 logiciels pour médecins ont reçu l’agrément pour ces services MyCareNet chapitre IV. Selon la plateforme eHealth, le déploiement de ces fonctionnalités chez leurs clients médecins est en cours. La mise en place du système chez les pharmaciens a démarré au mois de mars. |