Alexander De Croo: «Il y aura un budget pour l'INAMI en 2025»

Comme on pouvait s’y attendre,  le Premier ministre démissionnaire Alexander De Croo (Open VLD) a dû répondre à une série de questions parlementaires sur le blocage du budget de l'INAMI par le représentant de son parti au sein du Conseil général de l'Inami.

Natalie Eggermont (PVDA-PTB), médecin urgentiste, a ouvert le feu du côté néerlandophone : « Je ne sais pas si vous avez récemment échangé avec des soignants, mais, moi, je le vis. Nous espérons que vous écoutez vraiment, car le personnel est à bout. Ils réclament depuis des années des moyens supplémentaires, et leurs appels restent sans réponse. Ce lundi, ils ont subi un nouveau revers et se sont rendu compte que vous ne les entendez pas. »

Elle a poursuivi en interrogeant le Premier ministre : « Pourquoi ce blocage ? La presse avance que vous refusez une contribution plus équitable de l’industrie pharmaceutique. Vous le niez, mais c’est dans les journaux. Alors, dites-nous ce qui s’est passé, expliquez pourquoi vous avez bloqué cet accord. »

Norme de croissance en question

À cette attaque, Irina De Knop (Open VLD) a répondu en défendant fermement le choix de bloquer le budget. Elle a dénoncé comme « de la provocation » la critique formulée par Luc Van Gorp (CM), qui qualifiait ce blocage d'« inédit et incompréhensible ». Pour elle, « Si le gouvernement actuel, dirigé par ce Premier ministre et le secrétaire d’État au Budget, avait validé ce budget, la norme de croissance de 2,5 % aurait été automatiquement actée, ainsi que les indexations supplémentaires et les dépassements de certains secteurs. Nous avons refusé d’accepter cela. Nous avons choisi de mettre un frein. »

Du côté de Vooruit, Jan Bertels a réclamé des éclaircissements : « Le gouvernement est en affaires courantes, mais la société continue de tourner. Dans ce contexte, il doit assurer stabilité et continuité. Pour cela, le budget de l'INAMI doit être adopté, conformément aux règles et aux mécanismes budgétaires en vigueur. Monsieur le Premier ministre, que comptez-vous faire pour que patients et soignants sachent rapidement ce qui les attend ? »

Face à ces inquiétudes, Alexander De Croo s’est voulu rassurant : « Il y aura un budget de l’INAMI en 2025. » Il a rappelé un précédent similaire en 2019, sous le gouvernement Wilmès, où le budget de l’INAMI n’avait été adopté que le 22 novembre. « La dernière chose que l’on attend d’un gouvernement en affaires courantes, c’est qu’il entrave le travail du gouvernement en formation. Il est logique qu’un gouvernement en affaires courantes laisse toute la marge nécessaire au formateur et aux partis concernés pour négocier un accord et adopter un budget. Le budget de l’INAMI fait partie de cet ensemble, et agir trop tôt compliquerait les choses. D’un point de vue démocratique, ce serait inapproprié », a-t-il analysé.

Renvoyant la question au futur exécutif, De Croo a précisé que son gouvernement avait fixé la norme de croissance des dépenses de santé à 2 % pour 2024. « Si le prochain gouvernement estime que cette hausse est insuffisante et veut aller à 2,5 % ou même 3 %, comme je l’ai lu dans certains documents, qu’il se tourne alors vers M. Vandenbroucke et M. Prévot. À eux de faire les augmentations nécessaires, mais aussi de prévoir des réformes dans d’autres domaines pour financer cette croissance. »

Un affront pour le personnel soignant

Natalie Eggermont a conclu en dénonçant ce qu’elle qualifie de « trahison » envers les soignants : « Vous avez tous applaudi les héros de la santé. Aujourd’hui, vous leur tournez le dos. Vous semblez prêts à faire des économies sur les soins, et vous remettez en question la norme de croissance de 2,5 % qui leur avait été promise ! C’est un affront pour le personnel. » Elle a souligné l’urgence de la situation, rappelant qu’une manifestation du personnel soignant, intitulée "l'attente ne peut plus durer", était prévue le 7 novembre.

Irina De Knop, de son côté, a renvoyé Jan Bertels à ses propres responsabilités, l’exhortant à « ne pas instrumentaliser le Conseil général pour réaliser son budget de santé sans réformes ».

En réponse, Jan Bertels a défendu le programme d'investissements et de réformes mis en œuvre sous le précédent gouvernement. Il a terminé en exhortant Alexander De Croo à apporter « la sécurité dont les patients et les soignants ont besoin aujourd’hui. (…) Mettez en œuvre cet accord, privilégiez l’intérêt général, et non l’intérêt du parti, Madame De Knop. »

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