© Jean Andris (De gauche à droite sur la photo) Dr Quentin Mary, le Bourgmestre Stéphane Lasseaux et le Dr Thiery Van der Schueren présentant le projet de co-working.
De nombreuses communes rurales sont en pénurie de médecins généralistes. Elles ne savent que faire pour attirer sur leur territoire de nouveaux diplômés. Mais les obstacles sont nombreux. La Ville de Florennes vient de présenter un projet bien avancé, mis en place avec l’appui de la SSMG. Elle en attend beaucoup…
Avec ses 11.300 habitants, l’entité de Florennes ne compte que 14 généralistes. En équivalents temp plein, cela n’en fait en réalité que 9,4. Et 8 de ces médecins généralistes ont plus de 65 ans. Pas besoin de faire un dessin : il manque au moins deux praticiens pour répondre aux besoins de la population. « Sans compter », dit le Bourgmestre Stéphane Lasseaux, « qu’avec la manière actuelle dont les jeunes médecins voient l’exercice de la médecine, il faut deux jeunes médecins pour en remplacer un ancien ».
Le Bourgmestre, épaulé par tout le Service de Cohésion sociale de la Ville, s’est donc mis en quête d’une solution. Avec l’aide de la SSMG, ils ont mis sur pied un « projet de lutte contre la pénurie de médecins généralistes en milieu rural ». Ce fut un travail de longue haleine, explique le Dr Thierry Van der Schueren, qui a accompagné le projet au nom de la SSMG. Une première étape fut de rencontrer les médecins généralistes florennois individuellement, afin d’identifier les problèmes qu’ils connaissent dans leur pratique quotidienne. Puis il y a eu plusieurs rencontres collectives avec l’ensemble de ces médecins. Peu à peu s’est ainsi dégagée l’idée de mettre sur pied un « co-working ». Cela consistait à mettre à disposition un espace équipé permettant aux médecins généralistes locaux d’accueillir et de former des assistants en médecine générale. « On sait par expérience », explique le Président de la SSMG, le Dr Quentin Mary, qu’un certain nombre d’assistants s’installent après leur formation dans une commune où ils ont fait leur stage ». Le pari est donc là : attirer des assistants en espérant qu’une partie d’entre eux poseront leurs valises dans la commune.
Celle-ci propose, après aménagement, un lieu comprenant trois cabinets et un espace pour une secrétaire. Un maître de stage pourra y accueillir deux assistants. La charge administrative de ces trois généralistes pourra être allégée par une secrétaire. Le cabinet disposera aussi d’un numéro d’appel fonctionnant 24h sur 24 pour prendre des rendez-vous. Une asbl sera créée sous le couvert de la SSMG. Les frais seront supportés en partie par la commune, en partie par les primes à l’installation et en partie par les revenus générés par l’activité des jeunes médecins assistants. A noter qu’ils bénéficieront d’une rémunération fixe. La Ville réfléchit encore aux besoins de parking, voire de logement des stagiaires, si nécessaire.
Tout est donc bien. Sauf que, pour des raisons mal expliquées, les généralistes de Florennes se sont finalement retirés du projet, tout au moins pour l’instant. Malgré qu’ils assurent qu’ils l’approuvent, ils ne souhaitent pas s’y engager personnellement. Aucun d’entre eux n’était maître de stage. Mais pour la SSMG ce n’est pas un problème : elle fournira un ou plusieurs médecins référents qui accompagneront les candidats et elle fera en sorte qu’un maître de stage agréé puisse superviser leur activité.
Une solution toute faite ? « Non, dit le Bourgmestre, mais nous voulons ainsi rendre notre ville attractive pour de jeunes futurs généralistes, en espérant qu’ils y resteront ». Le projet a été présenté au cours d’une réunion de responsables régionaux de la santé et du bien-être. L’entité de Beaumont s’est dite intéressée et l’AVIQ suit de près son évolution , qui devrait concrètement être sur rail en octobre prochain.
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Derniers commentaires
Nathalie PANEPINTO
09 février 2023La majorité des jeunes généralistes étant des femmes, un des arguments pour favoriser leur installation en région rurale serait que leur époux puisse y trouver un emploi de qualité. Le prix du carburant ainsi que la perte de temps et la fatigue engendrée par les trajets domicile lieu de travail font que les jeunes couples réfléchissent à 2 fois avant de s'installer à un endroit particulier.