Deux semaines après la réunion du Conseil général, le budget de la santé pour 2025 reste bloqué, menaçant de priver le secteur de l’indexation de 3,5 % et de la norme de croissance de 2,5 %. L’Alliance Artsenbelang – Domus Medica (AADM) avertit que les actions menées par les syndicats du Cartel et de l'ABSyM compliquent encore davantage la résolution de cette impasse. Elle appelle à une collaboration constructive et presse le gouvernement de proposer rapidement un budget.
Face à la situation critique, l’AADM souligne la gravité des enjeux. "Sans accord, nous débuterons l’année sans budget pour la santé, privant les soignants et les patients de l’indexation et de la norme de croissance, soit une perte de près de 1,5 milliard d’euros," explique-t-elle. Cette situation serait "un véritable cauchemar" pour les professionnels de la santé, des généralistes aux spécialistes, en passant par les kinésithérapeutes et les sages-femmes, ainsi que pour les établissements de soins et les patients.
Dans cette perspective, l’AADM a choisi de miser sur le dialogue pour sortir de cette impasse. "La transparence des tarifs est essentielle pour garantir l’accessibilité et l’abordabilité des soins en Belgique," précise l’organisation. C’est ainsi qu’elle a relancé les discussions avec les partenaires impliqués, notamment les mutualités et les prestataires de soins, en réunissant le Comité de l’assurance pour une concertation au niveau fédéral. Ce lundi, un entretien de crise avec le ministre Vandenbroucke a eu lieu, et une lettre a été adressée au cabinet De Croo, rappelant au gouvernement ses responsabilités. Soutenue par la majorité des membres du Comité de l’assurance, cette lettre a été remise au cabinet De Croo la semaine dernière, sous embargo jusqu’à la fin de la semaine pour préserver les chances de dialogue.
Des stratégies de rupture dangereuses
Les actions des syndicats ASGB et BVAS ont cependant fragilisé cette démarche collective. L'ABSyM, d’une part, a rendu publique la lettre destinée au cabinet De Croo, rompant l’embargo et revendiquant faussement l’initiative. De son côté, le Cartel a soumis une motion pour dénoncer la convention, ce qui exposerait le secteur à des conséquences financières importantes. Si cette motion est adoptée, le ministre fixerait le prix maximum des consultations, entraînant la suppression des suppléments, des primes, et des subventions pour les assistants en médecine générale. "Tout ce qui avait été négocié dans la convention 2024-2025 disparaîtrait," alerte l’AADM.
Le Dr. Marieke Geijsels, mandataire de l’AADM, déplore cette situation : « Les actions de nos confrères sont préjudiciables et accentuent la pression sur l’avenir de la santé publique. Cette crise exige des solutions constructives, et non des stratégies risquées ou des jeux politiques. C’est la seule manière de préserver la norme de croissance et l’indexation pour 2025, et de garantir aux prestataires la continuité de leurs soins. »
Alors que le gouvernement est désormais en position de débloquer la situation, l’AADM reste active en maintenant le dialogue avec les mutualités, les autres prestataires du Comité de l’assurance, et l’INAMI pour trouver des solutions. "Si une solution définitive devait encore faire défaut, nous prendrons les mesures nécessaires pour assurer aux milliers de prestataires belges une visibilité rapide sur leur avenir financier," conclut l’AADM.