L’OMS a sacrifié à la tradition des bilans, qui fleurissent en fin et début d’année. Bien des considérations reprises dans son survol des 12 mois écoulés peuvent paraître «exotiques» au MG belge; d’autres thèmes s’inscrivent pile dans son quotidien de professionnel des soins témoin de «maux de civilisation».
Comment s’est porté le monde, sanitairement parlant, en 2016? L’OMS jette un coup d’œil dans le rétro, pour pointer les réussites, les «pourrait mieux faire» et les «restons attentifs». Evidemment, que le Maroc ait éliminé le trachome, la Thaïlande stoppé la transmission mère-enfant du VIH ou Haïti freiné la recrudescence du choléra après le passage de l’ouragan Matthew… constituent des étapes dont les soignants de toute nationalité ne peuvent que se féliciter. Certaines problématiques abordées par l’OMS dans sa rétrospective devraient toutefois «parler» davantage aux médecins belges que certaines flambées épidémiques.
C’est ainsi que l’OMS met en exergue l’attention à porter à la santé mentale, par exemple. Elle souligne que chaque dollar US investi pour mieux prendre en charge la dépression et l’anxiété en rapporte quatre, obtenus grâce à l’amélioration de l’état de santé et de l’aptitude au travail. Elle a par ailleurs dédié sa traditionnelle «journée mondiale de la santé» à la lutte contre la progression du diabète et, plus tard dans l’année, s’est fendue d’un plaidoyer pour la taxation des boissons sucrées. Elle a salué l’adoption par la France et le Royaume-Uni du conditionnement neutre des produits du tabac pour en endiguer la consommation, encouragé les nations à prendre rapidement des mesures pour développer l’accès aux services de dépistage et de traitement de l’hépatite, ou s’est réjouie que les chefs d’Etat, aux Nations Unies, se soient penchés lors d’une très officielle réunion de haut niveau sur la préoccupante résistance aux antimicrobiens.
Relevons encore que fin septembre, l’OMS a, à l’issue d’une étude systématique longue, première du genre, lancé un cri d’alerte concernant plus spécifiquement l’Europe et son penchant pour la dive bouteille. L’étude révèle que les décès dus à l’alcool ont augmenté de 4% ces 25 dernières années dans notre partie du globe. «En ce moment, dans certaines régions d’Europe, la consommation d’alcool concourt jusqu’à 25% des décès imputables à la cirrhose du foie, au cancer, aux maladies cardiovasculaires et aux traumatismes», indique l’organisation onusienne. «Le rapport souligne l’urgence de réduire le niveau global de consommation, et notamment d’alcoolisme ponctuel immodéré, dont les effets sont particulièrement nuisibles pour la santé.»
Ledit rapport sur l’alcool est, pour la petite histoire, sur-titré: «Succès de la santé publique et occasions manquées». Pour les experts, il faut que les décideurs bougent, en optant pour des mesures telles la réduction de la disponibilité, la majoration fiscale et l’interdiction du marketing et du sponsoring. Il s’agit là, affirme l’OMS, de «solutions politiques rentables et fondées sur des bases factuelles». Solutions que semble pourtant avoir dédaignées la Belgique. Pour rappel, l’automne dernier, elle n’est pas parvenue à s’entendre sur un plan national alcool.
Le bilan 2016 de l’OMS est visible en ligne, sous forme de calendrier agrémenté de photos, liens vers des documents-sources, infographies et autres repères chiffrés.