Le SPF Santé publique recherche des généralistes prêts à tester, en trois temps, un nouvel outil destiné à guider la profession dans le domaine de l’incapacité de travail, du rétablissement et du come-back professionnel. Première étape de l’opération, pour ceux qui s’inscriront : une séance on line le 30 novembre à 19h30.
Fin 2018, une info révélée par Medi-Sphère faisait couler pas mal d’encre : le jeune « Collège national de médecine d’assurance sociale en matière d’incapacité de travail » s’employait, à la demande de Maggie De Block, à définir des « fourchettes » de temps de convalescence pour une petite dizaine de pathologies entrainant des absences généralement longues.
Se fendant d’explications sur ce projet jusque-là discret, la ministre de la Santé de l’époque parlait de lignes directrices visant à éclairer le corps médical sur le temps réclamé par un processus de guérison classique. De fait, l’accueil positif du patronat (flamand) avait été contrebalancé par les commentaires méfiants des médecins. Beaucoup redoutaient que les soi-disant repères indicatifs de durée deviennent des normes contraignantes dans l’établissement des certificats, au risque d’une uniformisation aveugle.
Si les autorités pouvaient être mues par des velléités d’optimisation budgétaire, le Collège, présidé par le professeur liégeois spécialiste en médecine du travail Philippe Mairiaux, déclarait pour sa part vouloir avant tout rencontrer l’adhésion des médecins. Il promettait de sonder les disciplines concernées (MG, oncologues, orthopédistes, cardiologues…) sur ses propositions. Une étape qui allait largement déborder sur la législature suivante, prévoyait-il. De fait, on voit aujourd’hui ce dossier réémerger « sous » Vandenbroucke, porté par le SPF Santé publique : la médecine générale est sollicitée pour évaluer un « nouvel outil dans le cadre de l’incapacité de travail, du rétablissement et du retour au travail ».
Expliquant d’emblée que la prescription de l’IT fait rarement partie du cursus des médecins alors que l’exercice est délicat (il suppose de tenir compte d’éléments cliniques, mais aussi de facteurs professionnels, personnels, du milieu de vie et de l’aide disponible), le Collège national de médecine d'assurance sociale veut proposer aux MG un « cadre clair » les aidant à « situer leurs décisions » et « entamer le dialogue avec le patient ».
Une vision globale et quelques outils généraux ont été élaborés, associés à 9 fiches thématiques - burn-out, troubles d'adaptation, épisode dépressif léger, syndrome du canal carpien, rupture de la coiffe des rotateurs, prothèse de genou, lombalgie aspécifique, cancer du sein et infarctus aigu du myocarde. Ces fiches ont été conçues à partir de matériel disponible dans d'autres pays, adapté et enrichi de suggestions formulées par des spécialistes de ces affections.
Test à petite échelle
Sont à présent recherchés 2X 25 MG « motivés » (25 au sud, 25 au nord), qui seront chargés dans les prochains mois d’évaluer l’utilité de ces outils en pratique quotidienne, et d’en peaufiner au besoin le fond et la forme (voir programme ci-dessous). Si le verdict est positif, le matériel bénéficiera d’une diffusion large à la profession. A noter que les associations de patients sont elles aussi conviées à l’exercice d’évaluation.
Concrètement, l’évaluation comportera 3 étapes :
1) Un événement en ligne (avec présentations et partie interactive) d'une durée de 2,5 heures, avec d'autres MG et des représentants d'associations de patients, le mardi 30 novembre 2021 entre 19h30 et 22h ;
2) L’emploi en consultation, pendant 3 mois, par les participants, du matériel général et d’une sélection de 3 des 9 fiches disponibles (sur les pathologies suivantes : burn-out, troubles d'adaptation, épisode dépressif léger, syndrome du canal carpien, rupture de la coiffe des rotateurs, prothèse de genou, lombalgie aspécifique, cancer du sein et infarctus aigu du myocarde) ;
3) La participation finale à une enquête en ligne (maximum 30 minutes) pour commenter l’approche et les fiches, à des fins d’amélioration.
La condition pour s'inscrire ? S’engager pour l'ensemble du processus, donc être en mesure de participer aux trois étapes ci-dessus. Il est question d’un défraiement de 350 euros pour la participation (complète).
Derniers commentaires
Yvette BOTSON
18 novembre 2021Toujours interpellant cette ingérence dans le travail et la réflexion médicale! Quand allez-vous former de vrais scientifiques capables de réfléchir et prendre des décisions au lieu de nous fourguer de bons petits soldats obéissant aux primes !