L’Ordre des médecins s’alarme des conséquences de la grève des gardiens de prison sur l’accès aux soins de santé des détenus. Appelant à l’instauration d’un service minimum, il rappelle les conditions déjà difficiles dans lesquelles s’exerce la médecine pénitentiaire, qui elle «survit». Il réclame le basculement des compétences en matière de santé en prison au SPF Santé publique.
Nous vous en parlions récemment: les mouvements de grève qui touchent les prisons du pays depuis des semaines compliquent la tâche des médecins qui officient en milieu carcéral (lire Medi-Sphere n° 517). Si ces derniers peuvent pénétrer dans les établissements pénitentiaires, les détenus ne sont pas conduits au local médical où les consultations prennent place d’ordinaire. Celles-ci doivent obligatoirement se dérouler dans les cellules. Un impératif auquel les médecins refusent catégoriquement de se soumettre. «Notre refus s’explique par des raisons de sécurité, de promiscuité et de déontologie. Des policiers et gardiens se trouvent devant la porte ouverte…», indiquait à Medi-Sphere Paul Gourdin, médecin adjoint à la prison de Nivelles et président de l’asbl spécialisée IMAS.
C’est au tour du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) de dénoncer le fait que, «dans certains établissements, les détenus ne peuvent plus consulter le médecin ni être soignés». Pour lui, la situation est «indigne d’un Etat de droit» et «porte atteinte aux obligations internationales de la Belgique. L’urgence sanitaire et sociale commande de prendre sans délai les mesures propres à pallier ce drame humanitaire, dont l’instauration d’un service minimum.»
Le Cnom en profite pour dénoncer le manque de moyens de la médecine pénitentiaire en général, les contraintes de son exercice et les particularités de ceux qui sont ses destinataires: «Les besoins et les demandes dépassent largement la capacité de réponse des équipes soignantes malgré leur engagement envers la santé des détenus. La pratique médicale survit entre le manque de moyens et les contraintes de la gestion administrative. Les détenus représentent une population particulièrement vulnérable sur le plan physique et surtout psychique. Une attention particulière doit être portée à la prévention et à la prise en charge de leurs pathologies.» En guise de conclusion, l’Ordre réclame, comme beaucoup d’autres observateurs du dossier, «le transfert des compétences en matière de santé dans les prisons du SPF Justice au SPF Santé publique», et ce, urgemment.