Le MG hennuyer David Bouillon vient d’organiser à Mons un après-midi de dépistage (cholestérol, HTA, diabète…) à l’attention de publics qui ne fréquentent pas les circuits classiques de soins: SDF, sans papiers, aînés précarisés, etc. Il s’efforce de rassembler des fonds pour se doter d’un «mobil-home de consultation».
Il y a six mois, le Dr Bouillon avait fait parler de lui via son initiative de ‘pharmacie solidaire’. Ce MG qui exerce depuis plus de 25 ans dans le Borinage, longtemps en solo avant de fonder le groupement pluridisciplinaire Le Centre médical de Ghlin, est clairement sensible à la grande pauvreté qui sévit dans le coin. D’où son idée, cet été, de récupérer des médicaments non pris, qu’un pharmacien partenaire triait pour lui composer un stock de produits de première nécessité à redistribuer pour dépanner dans l’urgence des patients nécessiteux (Medi-Sphere n°563).
On retrouve aujourd’hui David Bouillon engagé dans une autre initiative à dimension sociale, fidèle à son crédo d’ «assurer à tous une médecine de qualité»: un après-midi de dépistage gratuit, à Mons, s’appuyant sur un bus médical de consultation, et couplé à de la distribution de nourriture et/ou de vêtements aux plus démunis.
«C’est comme Lagardère», commente le MG. «C’est nous qui allons vers les publics ‘de l’ombre’, ceux qui ne viennent pas dans les filières de soins habituelles: les très pauvres, les SDF… mais aussi des personnes âgées avec de petites pensions qui reportent les contacts avec le médecin.» Un groupe cible auquel on songe moins, ajoute-t-il, «car généralement les plus âgés, par honte, par peur de déranger, ne parlent pas de leur situation».
Le «Médibus» emprunté pour la circonstance est un petit cabinet de consultation sur roues, avec table d’examen. Propriété de Médecins du Monde, il sillonne déjà Bruxelles et Charleroi; l’an prochain, il ira aussi à Colfontaine, dans le Borinage. David Bouillon est actuellement en négociation avec plusieurs partenaires, pour disposer dès début 2018, en leasing, de son propre mobil-home médical, embarquant MG et infirmière à la rencontre de la misère.
Actuellement, toutes ces actions «se font sur fonds propres», en mode débrouille et bénévolat. «C’est le cœur qui parle», affirme le MG qui est à la recherche de mécènes pour pérenniser l’initiative. Il rapporte être en contact avec différents CPAS apparemment intéressés par cette formule d’outreaching. «On serait un relais entre le terrain et la Ville et ses services, qui ne connaissent pas forcément tous ces exclus.»
«Pas de rabattage»
Ce mardi de décembre, à Mons, en milieu d’après-midi, le site de l’opération avait reçu une cinquantaine de personnes et une vingtaine de prises de sang avaient été effectuées. Une fréquentation satisfaisante pour un premier essai, selon le Dr Bouillon. L’opération est menée en collaboration avec cancer 7000, sida/IST Charleroi Mons ainsi qu’un laboratoire privé. Le généraliste, lui, se concentre «sur le dépistage de l’excès de cholestérol, du diabète et de l’hypertension, comme ça on couvre les grands facteurs de risque des AVC, infarctus, etc. Et on s’épargne des complications, des recours aux urgences, des hospitalisations évitables…» Les résultats vont vers le médecin traitant du visiteur, dont David Bouillon dit demander systématiquement le nom – «et quand il n’y a pas de médecin traitant, ce qui est souvent le cas, c’est l’hôpital de référence souhaité qui est mentionné sur la fiche. Il n’y a pas de rabattage par mon Centre.»