Suspension de la téléconsultation : l’Absym relaie le cri d’alarme des généralistes

Le syndicat médical souhaite alerter les autorités sur la vive réaction du corps médical à l’annonce de la suspension des téléconsultations à partir du 1er janvier 2025, avec pour objectif de réaliser une économie de 68 millions d’euros. « L’ABSyM-BVAS continuera à se battre pour l’intérêt des médecins et le maintien de la téléconsultation. »

Nous annoncions déjà hier que le Dr Stijn Geysenbergh avait obtenu 1 500 signatures en lançant une pétition pour sauver la phonoconsultation.
L’Absym avance, dans un courrier adressé au ministre Vandenbroucke et à Mickaël Daubie, directeur général des soins de santé de l’Inami et président de la médicomut, les arguments pour revenir sur la proposition du Comité de l’assurance de suspendre les phonoconsultations.

Le premier argument est budgétaire. Le budget global pour les consultations des médecins généralistes (consultation physique, télé- et vidéoconsultation) est neutre : le budget Inami de 2019 à 2023 (ticket modérateur MG 1 et 4 € - Sp 3 et 12 €).

Concernant la médecine générale :

  • En 2019, le budget total pour les consultations et visites s’élève à 1 224 781 000 €,
  • En 2023, le budget total pour les consultations, visites et la téléconsultation s’élève à 1 451 566 884 €,
    • Soit une progression de 19 %.

Tenant compte de l’index 2019/2023 (+17 % sur les consultations, cf. les accords Inami) et du trend de vieillissement de la population (+3,75 %), on arrive à une augmentation de 20,75 %.
Le budget de la médecine générale (consultations, visites et téléconsultations) est donc neutre et même inférieur à l’index et au trend minimum.

Remboursement équitable

Deuxièmement, l’Absym soutient que les prestations fournies - qui sont justifiées d’un point de vue médical - doivent être remboursées de manière équitable. « Les consultations téléphoniques en sont un bon exemple, car elles répondent à un besoin médical. Le nombre de contacts des patients avec les médecins est le choix du patient et non du médecin, sauf si un suivi médical est nécessaire pour la santé du patient. Les médecins ne sont pas responsables des demandes de contact des patients. »

Troisièmement, le syndicat rappelle que la téléconsultation est un outil moderne, mis en place dans de nombreux pays. « Il a permis de contrôler la crise Covid. Mais c’est aussi un atout pour les patients chroniques connus du médecin, pour éviter des déplacements difficiles et résoudre des situations rapidement. C’est également un atout pour les zones en pénurie de MG, afin de répondre aux besoins d’accessibilité des patients et au bien-être des médecins. C’est aussi un avantage pour l’organisation des gardes, permettant d’évaluer des situations par téléphone plutôt que de déplacer les patients sur de longues distances, d’éviter la surcharge de travail au poste de garde et de limiter les mauvais choix de se présenter aux urgences hospitalières. Soit dit en passant, 9,3 € pour une téléconsultation contre plusieurs centaines d’euros pour le service d’urgence ! »

Augmentation du ticket modérateur

Les Drs Blanckaert, Herry et Vanhoof proposent d’augmenter le ticket modérateur d’1 € pour les non-BIM. « Le ticket modérateur des consultations est fixé par un arrêté royal qui a 20 ans, et il n’a jamais été indexé. Cette non-indexation est supportée par le budget des soins de santé des médecins. Il ne joue plus son rôle de modération pour les citoyens. On pourrait récupérer 50 à 60 millions d’euros de cette manière. »

« Une fois de plus, ce sont les médecins qui facturent à l’acte qui subissent les conséquences, alors que les pratiques New Deal et forfaitaires ne sont pas concernées : les téléconsultations sont intégrées dans leur forfait. C’est là une injustice supplémentaire », soutient l’Absym. « On demande toujours des efforts aux médecins, qui ont répondu à la digitalisation, ce qui a permis aux mutuelles de réaliser d’énormes économies en temps de travail. Mais où sont les économies pour le corps médical ? »

« L’ABSyM-BVAS est le seul syndicat qui n’a pas retenu l’hypothèse d’une fraude massive comme facteur de suspension des téléconsultations. Cela contraste fortement avec le silence assourdissant de Domus Medica et de l’AADM au cours des discussions. Dans les maisons médicales et les pratiques New Deal, les téléconsultations sont comprises dans le forfait. Elles sont donc hors de danger. Ce sont les médecins prestataires à l’acte qui sont les plus touchés. Or, que demandent les médecins, si ce n’est une rémunération juste pour le travail qu’ils accomplissent ? La pétition le prouve abondamment », analyse le syndicat médical.

Il est encore temps pour le Conseil général, qui se réunit ce 21 octobre pour discuter du budget 2025 des soins de santé, de revenir sur cette mesure décriée par les généralistes.

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