Les syndicats médicaux et le Fag, associés aux pharmaciens et appuyés par les autorités, enjoignent MG et médecins coordinateurs en MRS (les MCC) à nouer à l’échelle locale, avec les autres parties prenantes, un dialogue constructif mais sans tabou. L’enjeu: surmonter les écueils du nouveau système de tarification des médicaments à l’unité dans les institutions pour personnes âgées.
La tarification par unité (TàU) et par semaine des médicaments oraux solides que prennent les résidents des maisons de repos et/ou de soins, surtout des traitements chroniques, est entrée en vigueur en septembre 2015, après des reports en cascade. Son principe est économique: ne plus facturer (à l’assurance et au patient) que ce qui est réellement pris – et non de grands conditionnements finalement non consommés, comme auparavant (*).
Mais, manifestement, la TàU est d’une telle complexité que ses acteurs rencontrent bien des déboires au quotidien, pharmaciens en tête. Medi-Sphere avait d’ailleurs déjà relayé, ces derniers mois, leurs appels aux médecins: ils les conviaient diplomatiquement mais fermement à davantage de rigueur dans la rédaction de leurs ordonnances et à avoir le réflexe de signaler illico tout changement par rapport à un traitement initial.
De toute évidence, les petits et gros problèmes découlant du système demeurent tels qu’une volée d’associations de médecins et de pharmaciens, accompagnées dans leur démarche par le cabinet De Block et l’Inami, viennent d’expédier à leurs membres une lettre qui insiste lourdement sur la nécessaire intensification du dialogue. Histoire que le casse-tête TàU ne nuise ni au patient-résident ni aux relations interprofessionnelles, il faut tendre à «une meilleure concertation et collaboration entre les différentes parties (médecins prescripteurs, MCC, pharmaciens, infirmiers et gestionnaires)», enjoignent – côté médecins – l’ABSyM (et son pendant flamand le BVAS), le GBO (au sein du Cartel comprenant aussi le MoDeS et l’ASGB), le Fag et AADM (c’est-à-dire le bras syndical de Domus Medica). Le message est signé, côté pharmaciens, par l’APB et Ophaco.
Tendre à un schéma continuellement mis à jour
Toutes ces organisations attendent des destinataires qu’ils «participent à une concertation locale constructive» et «soutiennent la mise en application» de quelques points qui font consensus. Par exemple, comme évoqué plus haut, la mention systématique sur les prescriptions de la posologie, mais aussi quand c’est possible, de la durée du traitement. Il est aussi (re)demandé d’avertir instantanément le pharmacien de toutes les modifications aux traitements (initiation, adaptation, suspension, arrêt). On tend ici à faciliter le suivi pharmaceutique, en visant le graal d’un schéma de traitement continuellement mis à jour.
Pour mettre ces louables principes sur les rails, les signataires en appellent à des «modalités claires de communication à définir au sein de chaque maison de repos». S’ils admettent le côté contraignant de la TàU, ils ont choisi de voir le verre à moitié plein: c’est aussi «une occasion supplémentaire de se concerter dans le but d’assurer aux résidents la qualité et la sécurité de l’administration des médicaments». Cette qualité est justement battue en brèche par des pratiques qui devraient rester des exceptions, comme une délivrance sans prescription dans le cas d’un traitement chronique. La tarification aux OA et la facturation aux patients doivent du reste être «le reflet exact de ce qui a été prescrit et dispensé au patient [et il faut] que cette dispensation respecte scrupuleusement l’intention thérapeutique du médecin».
Conclusion-exhortation de la missive: trouver au niveau local des solutions dans un esprit constructif. «Les pistes qui visent à atteindre ces objectifs doivent pouvoir être abordées en toute collégialité: modalités de prescription, transmission de l’information, formulaire thérapeutique, fractionnement des comprimés, prescription sous DCI, attestations chapitre IV…» Les associations signataires promettent à leur base aide et soutien pour développer cette concertation médico-pharmaceutique.
(*) Les restes des conditionnements sont aujourd’hui à charge du pharmacien; si la boîte est demeurée à l’officine, le pharmacien peut réutiliser le solde des médicaments pour un autre patient.