Un fossé sanitaire selon la position socio-économique

La mutualité chrétienne a vérifié à l’échelle d’un quartier le fossé sanitaire qui sépare riches et pauvres, reflété par une consommation différente de soins de santé. Les citoyens des groupes sociaux les plus défavorisés courent 21% de risques en plus que les mieux nantis d’être hospitalisés, 31% de décéder de BPCO, 55% d’être en incapacité de travail primaire… 

Les turbulences autour du budget 2016 des soins de santé – avec notamment le spectre d’un gel des ressources allouées au développement des postes de garde - masquent momentanément un autre gros dossier de rentrée pour la médecine générale: l’obligation de TP social. Ce qui fait grogner une bonne partie des MG, c’est pour rappel l’aspect coercitif, automatique, de l’application de TP, faisant fi de la connaissance qu’ils ont de leurs patients et de leur capacité à discerner le réel besoin d’une dispense de paiement hors TM.

L’accessibilité est au cœur d’un communiqué de la mutualité chrétienne (MC), sorti à quelques encablures de la journée de lutte contre pauvreté, ce samedi. Son secrétaire général Jean Hermesse enjoint à combler le fossé sanitaire (c’est «une responsabilité de l’ensemble de la société»), assignant à la mutuelle le rôle de prôner des soins plus accessibles et ajoutant que «des efforts supplémentaires sont nécessaires pour attribuer automatiquement certains droits».

La MC explique avoir croisé, pour un quartier donné, d’une part ses données sur les prestations de santé remboursées reçues par ses membres et/ou les événements de santé les ayant touchés (consommation de certains types de soins ou de médicaments, hospitalisation, ITT, décès…) et d’autre part, des statistiques sur les revenus fiscaux. Le tout valant pour l’année 2012. Les résultats font dire à Jean Hermesse que, décidément, «en matière de santé, nous sommes tout sauf égaux. (…) Plus faible est la position socio-économique, plus mauvaise est la santé et plus faible est l’espérance de vie.»

Et d’illustrer par quelques constats chiffrés: «une personne du groupe social le plus bas a 51% de risques en plus de décéder l’année suivante qu’une personne du groupe social le plus élevé, aura plus de risques (55%) de se retrouver en incapacité de travail (jusqu’à un an) et même, 97% de risques en plus de se retrouver en invalidité (plus d’un an)».

Mode de vie, coût, ignorance

Une des raisons de ce fossé est la différence de mode de vie. La MC pointe la situation qui se dégrade au niveau de la BPCO, qui frappe plus durement les personnes précarisées lesquelles fument davantage. En 2006, dans les groupes sociaux les plus défavorisés, on courait 26% de risques en plus de décéder de BPCO; en 2012, la différence atteint 31%.

Le coût des soins concourt également au fossé sanitaire, poursuit la MC (on songe aux interventions d’orthodontie, dont se privent plus souvent les personnes moins nanties), mais «tout ne se résume pas à une question de coûts», nuance-t-elle. Le frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus est gratuit, par exemple, mais «les femmes des groupes défavorisés sont 19% moins nombreuses à y recourir». On touche ici à l’health litteracy, la MC se proposant de travailler aux savoirs de ces publics en matière de santé. Jean Hermesse préconise de ‘descendre’ au niveau local et de faire du sur mesure, en prévention, pour atteindre davantage les plus vulnérables.

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