Zika: le CSS concentre les précautions sur trois groupes cibles

Il n’y a pas de restriction de séjour en zones épidémiques d’infection Zika pour la population générale. Trois groupes particuliers de voyageurs – les femmes enceintes, celles souhaitant le devenir et leurs partenaires – font toutefois l’objet de recommandations plus pointues par le Conseil Supérieur de la Santé (CSS).

Comme vous le savez, depuis mai 2015, une épidémie à virus Zika sévit au Brésil, avec diffusion rapide vers l'Amérique latine et les Caraïbes. Le CSS a été sollicité par le Risk Management Group du SPF Santé publique, désireux de cerner les consignes à donner à la population. Dans un avis médiatisé début de semaine, le CSS indique, dans le sillage de l’OMS, qu’il y a un fort consensus pour accepter le lien causal entre Zika et microcéphalie fœtale: «ce lien est dorénavant considéré comme définitivement avéré pour la plupart des experts». Par contre, à ce stade, le niveau de preuve scientifique quant à un lien Zika-syndrome de Guillain-Barré (et d’autres syndromes neurologiques) est moins convaincant.

Règle générale avancée par le CSS: la meilleure prévention réside soit dans l’absence de déplacement en zones à problème, soit dans une protection anti-moustiques rigoureuse en cas de séjour sur place. Le virus est en effet transmis par une série de moustiques-vecteurs, dont les plus importants sont l’Aedes aegypti et l’Aedes albopictus. Ce mode de contamination est de loin le plus important épidémiologiquement, mais il existe toutefois d’autres modes (potentiels) de transmission, «dont l’importance reste encore à préciser». Le CSS cite la transmission verticale intra-utérine et périnatale mère-enfant et la transmission sexuelle. Le risque existe également d’une contamination par transfusion sanguine et don d’organes ou de sperme. 

Double protection

Sans surprise, le CSS déconseille aux femmes enceintes toute expédition dans les zones épidémiques/endémiques, et suggère d’interrompre leur séjour si elles y sont déjà. Si ce n’est pas envisageable, la protection anti-moustiques devra être «rigoureuse» et les rapports sexuels évités ou protégés. A leur retour, elles devront s’abstenir de rapports sexuels (à tout le moins non protégés) jusqu’à prise en charge par un expert en maladies infectieuses de l’Institut de médecine tropicale (IMT, Anvers) ou d’un centre universitaire de référence. Le CSS détaille les examens indiqués – qui incluent e.a. un test sérologique de screening ELISA Zika IgM/IgG – selon les situations (symptômes d’infection actifs/récents, symptômes résolus, absence de symptômes). En cas de positivité, le suivi s’intensifiera, par le gynécologue, en lien avec un centre de référence en diagnostic prénatal, avec notamment des échographies fœtales toutes les 3-4 semaines.

Le CSS décline également une série de conseils adaptés pour les femmes ayant un désir actif de grossesse et les hommes dont la partenaire est ou souhaite tomber enceinte. Même si elles sont asymptomatiques, toutes ces personnes devraient éviter ou protéger les rapports sexuels jusqu’à deux mois après leur retour (le délai est porté à six mois chez les sujets avec symptômes d’infection, ou, alternative, jusqu’à l’avis d’un expert en maladies infectieuses).

Enfin, le CSS invite les autorités sanitaires à surveiller l’évolution des populations de moustiques (cycle, survie, quantités) en Belgique et, en particulier, celle d’Aedes albopictus, sporadiquement repéré dans notre pays.

 

Plus de détails dans l’avis du CSS, dont:
  • les grilles complètes de consignes groupe cible par groupe cible, avant, pendant et après séjour (pp 4-6),
  • les symptômes cliniques (p 11),
  • les mesures préventives anti-moustiques (p 16).
La liste actualisée des zones concernées est visible sur le site de l’IMT.

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