Entre mars et mai, plus de 3,8 millions de téléconsultations ont été facturées, pour la plupart par des MG. Qu’ont pensé les citoyens de ce modus operandi dicté par la crise ? Alors que débutent aujourd’hui à l’Inami des négociations sur la place à lui réserver structurellement, hors contexte covid, le Collège intermutualiste (CIN) médiatise le verdict d’une vaste enquête menée en juillet auprès de 100.000 affiliés pour lesquels une téléconsultation a été facturée.
La place nous manque pour restituer le détail des résultats tirés des 5.400 questionnaires exploitables, (on les trouve dans le rapport du CIN mais voici quelques constats saillants.
La majorité des réponses concernaient des téléconsultations avec des MG (78%), suivies par des spécialistes (11%), des psychiatres (4%) et des psychologues (3%). Les Belges se disent globalement satisfaits des téléconsultations (qui à 95% ont eu lieu par téléphone) mais indiquent clairement, pour l’avenir, que leur préférence va aux consultations physiques. La médecine à distance est jugée utile pour les questions administratives - on songe aux demandes de prescription, qui ont représenté un quart des téléconsultations de MG - et le suivi de maladies (chroniques) existantes. En revanche, elle est considérée inappropriée pour obtenir un avis sur un nouveau symptôme ou guider le patient dans ses auto-soins.
Pour la plupart, ces téléconsultations ont eu lieu avec un dispensateur de soins régulier. Elles ont été initiées par le professionnel lui-même en moyenne dans 53% des cas, mais plus fréquemment chez les spécialistes, psychiatres et psychologues. « Tiercé » de leurs motifs ? Le suivi d’une maladie existante/chronique (27%), l’obtention d’une prescription de médicaments (21%) et les symptômes liés au coronavirus (17%). Suivent un nouveau symptôme sans rapport avec le corona (16%), l’obtention d’un certificat (15 %) et celle de résultats d’analyse (5%). Le plus souvent, sauf pour les psychiatres et psychologues, ces contacts ont duré moins de 10 minutes.
Si les répondants estiment globalement qu’ils se sont déroulés sans encombre, 56% trouvent quand même qu’un patient devrait pouvoir compter sur un soutien technique pour mener une vidéo-consultation (lire aussi l’interview de Xavier Brenez, directeur général des mutualités libres, qui s’exprime pour le CIN + lien).
En ce qui concerne les aspects financiers, le premier enseignement de l’enquête, c’est qu’au moment du contact, 65% des Belges ne savaient pas que leur interlocuteur était rémunéré. 6% des patients en moyenne ont déclaré avoir dû « payer quelque chose » pour la téléconsultation, 3% pour les MG et 8% pour les MS. Autre constat du CIN : 50% des participants sont d’accord ou plutôt d’accord avec l’idée qu’un professionnel perçoive autant pour une téléconsultation que pour une consultation ‘live’. On retrouve pile ce pourcentage chez les affiliés ayant téléconsulté un MG, et il est de 39% chez ceux ayant consulté un MS. Enfin, 34% des répondants estiment normal de payer la même quote-part personnelle pour ces deux types de consultations.
Cet été, via leur sondage exclusif « Covid-19, clap 2ème, êtes-vous prêt ? », Medi-Sphère et Le Spécialiste avaient établi que 62% des généralistes et 45% des spécialistes étaient favorables à la pérennisation des téléconsultations.
Lire aussi : Téléconsultation : « Besoin d’un dispositif plus élaboré » (Xavier Brenez)