En cinq ans, le nombre de personnes en incapacité de travail de longue durée (depuis plus d’un an) pour burnout ou dépression a quasiment doublé. Ce sont les chiffres de l’Inami, qui en a aussi évalué le coût.
Le nombre d’incapacités de travail de longue durée (plus d’un an) pour burnout ou dépression a continué d’augmenter en 2021. La hausse était un peu moins forte qu’en 2020 mais elle était tout de même de 5,12%. Au total entre 2016 et 2021, l’augmentation est de plus de 46 %. Au 31 décembre 2021, un gros tiers (36,44 %) des personnes en invalidité l’étaient en raison d’un trouble mental. Parmi elles 66,39 % souffraient d’une dépression ou d’un burnout. Pour la longue durée, ces deux troubles sont en cause dans près d’1/4 des incapacités de travail. Et encore : les fonctionnaires statutaires ne sont pas repris dans ces chiffres car ils relèvent d’un autre régime. Il faut dire aussi que ces statistiques ne distinguent pas la cause des burnouts et des dépressions, qu’elle soit professionnelle ou autre.
Surtout des indépendants
En nombre absolu de cas de dépression, la Wallonie est moins atteinte que la Région flamande (38.758 cas vs 33.383 au 31décembre 2021). Mais il faut tenir compte de la différence de population totale entre les deux régions. A Bruxelles, à la même date, il y avait 8.596 cas connus de dépression. Les tendances étaient les mêmes pour le burnout : 18.209 cas en Flandre, 12.990 en Wallonie et 3376 à Bruxelles.
Pour l’ensemble du pays, les femmes représentent 59% des invalidités toutes causes confondues. Plus des deux tiers d’entre elles (68%) sont en burnout ou dépression. C’est aussi chez les femmes que l’on relève l’augmentation la plus forte des invalidités pour burnout ou dépression, avec une hausse de près de 50 % sur 5 ans. L’augmentation atteint plus de 66 % chez les travailleuses indépendantes.
La tranche d’âge de 50 à 64 ans est la plus impactée. Mais le bond le plus important est celui des invalidités pour dépression dans la tranche d’âge de 25 à 39 ans des travailleurs indépendants : il est de 20 % en 2021 et de 151 % sur 5 ans. De tous les statuts professionnels, c’est chez les indépendants qu’on compte la plus forte hausse entre 2016 et 2021 : 59,22 % contre 45,8 % chez les salariés et demandeurs d’emploi.
Plus d’un milliard six cent mille euros
Il y a un décalage entre la disponibilité des données relatives au nombre de personnes en invalidité et les données relatives au coût que cela représente pour l’assurance soins de santé et indemnités (SSI). Les données disponibles pour le coût sont celles de 2020. Le coût assumé par l’assurance indemnités pour des incapacités de travail de longue durée suite à une dépression ou un burnout s’élève à plus de 1,6 milliard d’euros en 2020. Cela représente une augmentation de plus de 10 % en 1 an et de plus de 47 % depuis 2016. Ces dépenses comprennent l’indemnité ordinaire, la prime de rattrapage et l’aide de tierces personnes, lorsque ces 2 dernières aides sont accordées. C’est la tranche d’âge de 55 à 59 ans qui a causé le plus de dépenses en 2020, tandis que les 20 à 24 ans sont ceux qui ont eu le moins besoin d’indemnités. Les femmes ont engendré plus de dépenses que les hommes. La Flandre a coûté plus cher que la Wallonie.
En bleu: dépressions En rouge: burnouts
Attention aux chiffres
Pour l’interprétation de ces chiffres, l’Inami fait remarquer que pour une même année statistique, le nombre de personnes invalides et le coût que cela représente pour l’assurance indemnités ne peuvent pas être mis en parallèle. Le nombre d’invalides est celui des personnes reconnues en invalidité au 31 décembre de chaque année. C’est un « instantané » de la situation à cette date. Par contre le coût pour l’Assurance indemnités porte sur l’ensemble des dépenses effectuées au cours d’une année complète.
