Certains groupements de spécialistes néerlandais ont récemment décidé de ne plus accepter automatiquement tous les cas référés par les médecins de famille et posent aussi de plus en plus un regard critique sur la pertinence de certaines opérations. L’explication ? Un manque de capacité, tout simplement. La situation n’est pas sans affecter l’accessibilité des soins, et ce n’est sans doute qu’un début. Impensable chez nous ? Pas si sûr !
Face au véritable « infarctus » du secteur des soins qui frappe aujourd’hui les Pays-Bas, un hôpital de Tilburg a notamment décidé de ne plus accepter automatiquement tous les patients référés par les médecins de famille, rapporte le quotidien NRC Handelsblad. « On a retrouvé à Pompéi les restes de victimes qui étaient restées bouche bée à regarder l’éruption du Vésuve sans trop vouloir y croire. Ce qui nous arrive aujourd’hui avec "l’infarctus" des soins, c’est un peu la même chose », résume Bart Berden, administrateur de l’hôpital Elisabeth-TweeSteden à Tilburg, qui a décidé de prendre les devants pour éviter de se retrouver débordé par l’afflux des patients.
Son choix de relever d’un cran le seuil d’accès aux soins pourrait évidemment, à terme, déboucher sur un allongement des délais d’attente… mais jusqu’ici, il semble que ce soit plutôt l’inverse, puisque ce sont encore en première instance les cas « inutiles » qui disparaissent des listes, tout simplement parce qu’il ne s’agit pas de problèmes urgents.
Le secteur multiplie les stratégies pour accroître l’efficience de ses activités dans l’espoir de mitiger la pression croissante. Certains ORL refusent par exemple de prendre en charge les problèmes de ronflements, tandis que leurs collègues cardiologues réduisent au strict minimum le suivi post-opératoire, avec tous les risques qui en découlent sur le plan de la responsabilité… pour ne rien dire encore de l’impact que de telles initiatives peuvent avoir sur la relation avec le patient.
Les rhumatologues, eux, avaient déjà eu l’idée de prendre systématiquement le temps de conseiller (gratuitement) les généralistes lorsque ceux-ci leur référaient inutilement des patients – un investissement payant, puisqu’il a contribué à réduire la pression qui pèse sur le secteur. Dans le contexte actuel, ce n’est pas anodin !
L’idée n’est d’ailleurs pas sans rappeler les recherches du Dr Stefan Morreel (UA) concernant la mise en place d’un système de tri au service des urgences. Là aussi, l’intervention avait permis d’abaisser quelque peu la pression.
Aux Pays-Bas, les généralistes ont aussi depuis peu la possibilité de solliciter une télé- consultation avec le spécialiste avant de lui référer un patient, ce qui a permis dans certains cas de réduire les délais d’attente de six à huit semaines… mais malheureusement, cette approche ne fonctionne pas dans tous les contextes. Les ophtalmologues, qui pouvait jusqu’il y a peu se prévaloir de listes d’attente particulièrement courtes, sont ainsi confrontés actuellement à un véritable tsunami sous l’effet du vieillissement, qui provoque une demande exponentielle impossible à endiguer.
Derniers commentaires
Jacques MAIRESSE
01 décembre 2022Que nous a-t-on vanté la médecine néerlandaise! Des années que je préviens que ce sera la catastrophe mais les crétins pseudo économistes de la santé nous ont poussé dans la même voie!