La dématérialisation de l’e-prescription - en l’occurrence le fait de ne plus imprimer de «preuve» - est annoncée pour mi-2019. Le pharmacien Charles Ronlez observe la situation depuis le cockpit du projet Recip-e. Son message: ne pas verser dans la précipitation.
Charles Ronlez est vice-président de Recip-e, l’association d’organisations professionnelles (médecins, pharmaciens, kinés…) qui pilote le développement de l’e-prescription. La dématérialisation est explicitement à l’agenda politique. Elle est couplée à cette volonté de rendre le patient acteur de sa santé, incarnée e.a. dans le portail Ma santé, ou Personal Health Viewer. «Ce que veut le gouvernement a du sens. Mais entre la possibilité de dématérialisation et l’obligation de dématéralisation, il y a un pas à ne pas franchir précipitamment», prévient-il.
Selon lui, il faut d’abord s’assurer que tout fonctionne correctement pour tous les acteurs impliqués. L’immédiateté de la réponse que doivent fournir ses collègues, par exemple, au comptoir devant un client, exige de plus grandes fiabilité et stabilité des systèmes qu’actuellement – qu’on repense aux pannes qui ont émaillé l’été. «En pareil cas, le médecin a une ‘roue de secours’: il se rabat sur son carnet d’ordonnances papier ou imprime sa prescription. Le pharmacien, lui, est totalement coincé.»
Outre cette instabilité, Charles Ronlez signale que divers prérequis techniques ne sont pas rencontrés (par exemple la concordance des DB médicaments qu’emploient médecins et pharmaciens, dont on parle depuis 2016) et que des écueils pratico-pratiques qui surgiront inévitablement dans les officines - voire des risques de dérives (volontaires ou involontaires) - sont encore insuffisamment anticipés.
«On s’était accordé sur une dématérialisation mi-2019, soit un an après l’obligation d’e-prescription. Supposée intervenir en juin, celle-ci n’est pas encore là. Sur le remboursable, on n’a que 40% de prescriptions qui sont électroniques; 60% manquent encore… Je suis confiant, mais ce sont des processus lents. Nous plaidons pour qu’on maintienne le laps de temps d’un an. Restons cohérents.»
La «preuve», pour mémoire, sert à porter un code-barres que le pharmacien scanne pour accéder à la prescription sur le serveur Recip-e. Elle est vouée à disparaître. Charles Ronlez ne voit cependant pas pourquoi il faudrait se braquer sur l’éradication du moindre cm2 de papier, «qui incarne un lien patient/soignant». Les associations de patients elles-mêmes trouvent utile de conserver un support avec les infos reçues en consultation sur les traitements, rapporte-t-il. «Les smartphones, applis et autres avancées techniques ouvrent des perspectives mais le papier doit rester une option, à la demande du patient.» Toutefois, on pourrait certainement imaginer un autre modèle que l’actuelle preuve, un plan de posologie par exemple, un schéma à vocation de mémo…
L'obligation de dématérialisation n'a pas moins de légitimité que l'obligation de prescrire électroniquement.
— David SIMON (@Freedoc_be) 17 octobre 2018
Le serveur eRecipe a été conçu par les pharmaciens.
— David SIMON (@Freedoc_be) 17 octobre 2018
La preuve papier a toujours été considérée comme une disposition transitoire.
Évitons l’immobilisme et la réaction face à la digitalisation.
Nous sommes déjà en retard sur tous les autres secteurs d’activité économique.
Et qu’est-ce qu’on fait avec les digibètes? Ils perdent leur droits de patient comme ca? Que faire si les services eHealth ne sont pas accesible? L’accès aux médicaments peut être conditionnel selon vous? Soyons raisonable svp. Certainement s’il s’agit que du débarras de printer.
— Lieven Zwaenepoel (@LievenZwaenepoe) 17 octobre 2018
Le serveur eRecipe a été conçu par les pharmaciens.
— David SIMON (@Freedoc_be) 17 octobre 2018
La preuve papier a toujours été considérée comme une disposition transitoire.
Évitons l’immobilisme et la réaction face à la digitalisation.
Nous sommes déjà en retard sur tous les autres secteurs d’activité économique.
Faux. Recip-e asbl est géré par tous les acteurs de soins concernés (médecins, dentistes, infirmières, kinesitherapeutes et pharmaciens) et travaille sur commision de l’INAMI. Nous sommes promoteurs de la digitalisation, mais Il faut tenir compte des besoins sociétals.
— Lieven Zwaenepoel (@LievenZwaenepoe) 17 octobre 2018
Si tous gèrent l'ASBL aujourd'hui, ce sont les pharmaciens qui ont présidé à la conception de l'architecture du serveur et en particulier à la décision de crypter chaque ordonnance individuellement à l'aide de paires de clés eHealth distinctes qui pose tant problème aujourd'hui.
— David SIMON (@Freedoc_be) 17 octobre 2018
Mais non. Tous étaient là dès le dénut. Les exigences de l’incryption nous sommes imposées par la loi et le système eHealth. Nous avons du déveloper à nos propres frais in système d’archivage électronique, etc. Il ne faut pas croire que c’est un cadeau pour nous!
— Lieven Zwaenepoel (@LievenZwaenepoe) 17 octobre 2018
> Le débat se poursuit sur NumeriKare.be
Derniers commentaires
Jacques MAIRESSE
19 octobre 2018je suis tout à fait opposé à l'obligation de dématérialisation, que l'on laisse les gens travailler comme ils l'entendent, faut-il obliger tout le monde à avoir un portable? à quelle âge, 14 ans, 16 ans? tout cela est de la folie... les politiciens n'ont aucun droit à obliger le citoyen à vivre de telle ou telle façon... le modèle libéral devient plus planificateur que le modèle communiste ne l'a jamais été!
Bruno LULLING
19 octobre 2018L'obligation de dématérialisation n'a pas PLUS de légitimité que l'obligation de prescrire électroniquement !!!
B. Lulling, Psychiatre