Une étude belge menée à l’université de Liège et à Wavre fournit des précisions importantes sur l’apport d’une technique innovante, qui combine réalité virtuelle et hypnose. Les résultats obtenus font apparaître cette nouvelle technique comme une approche efficace et quantifiable pour modifier l'état de conscience du sujet et réduire la douleur de manière non pharmacologique.
L’unité GIGA Consciousness de l’Université de Liège jouit d’une brillante réputation internationale pour ses recherches sur les mécanismes profonds de la conscience. Une nouvelle étude appelée SMARTHY I y a été menée par par les Drs Rajanikan Panda et Floriane Rousseaux, sous la supervision des Drs Audrey Vanhaudenhuyse et Olivia Gosseries, au sein du Groupe de Recherche Sensation & Perception du GIGA Consciousness. Les travaux ont été conduits en collaboration avec le Centre Interdisciplinaire d'Algologie du CHU de Liège.
Il est communément admis que l'hypnose (H) modifie le processing des stimulations douloureuses en induisant un état de dissociation, sorte de déconnexion entre perception et réalité. De son côté, la réalité virtuelle (RV) agit probablement en induisant la distraction. Cette étude est la première à s'intéresser aux mécanismes analgésiques de l'hypnose en réalité virtuelle (VRH).
L’étude, publiée dans l'European Journal of Pain, concerne la Sédation DigitaleTM, une technique innovante développée par la société Oncomfort, qui combine l'hypnose et la réalité virtuelle pour gérer la douleur et l'anxiété des patients. Dix-huit volontaires en bonne santé (10 femmes et 8 hommes), dont la moyenne d’âge était d’un peu plus de 27 ans, sont entrés dans l’étude. Ils ont subi des stimulations douloureuses dans des conditions d’éveil normal et de Sédation DigitaleTM. Pendant toute la durée de l'expérience, l'activité cérébrale a été enregistrée avec un EEG haute densité. L’activité cérébrale pendant la Sédation DigitaleTM a été comparée à l'activité cérébrale en condition d’éveil.
Le principal résultat de cette étude est l'objectivation de l'impact de la Sédation DigitaleTM sur l'intensité de la douleur perçue. Alors que l'intensité du stimulus était égale, les sujets ont rapporté des niveaux plus faibles, à la fois de l'intensité de la douleur perçue et du caractère désagréable de la douleur, pendant la Sédation DigitaleTM. Cette modification de la perception de la douleur a été confirmée au niveau cérébral par la modification de l'activité cérébrale en réponse à la stimulation douloureuse. En particulier, les composantes de la réponse qui sont connues pour refléter respectivement les dimensions sensorielles et émotionnelles de la douleur, ont été réduites.
La Sédation DigitaleTM modifie donc l'activité électrique cérébrale, ce qui reflète des changements dans les processus cérébraux impliqués dans la cognition, l'attention et le contrôle somatique et émotionnel. En particulier, elle induit un état de dissociation qui empêche la perception consciente des stimuli douloureux. Deux signatures EEG spécifiques ont été mises en évidence et permettent de quantifier le niveau de dissociation du sujet et la perception de la douleur.