Le syndicat de généralistes indépendants MG France invite les MG à se croiser les bras tous les samedis, à partir du 14 décembre, pour protester contre le «service d’accès aux soins» voulu par le Plan urgences du gouvernement, une nouvelle responsabilité insuffisamment financée d’après lui. De leur côté, les internes entrent en grève illimitée.
En septembre, la ministre de la Santé Agnès Buzyn déposait un «pacte pour la refondation des urgences», en crise. L’une des mesures phare est la création, d’ici l’été 2020, d’un «SAS», un service d’accès aux soins (ambulatoires). Son principe: désengorger les urgences en redirigeant, par téléphone, certains patients vers les MG.
Ce SAS est «un défi pour les professionnels de santé ambulatoires», analyse MG France, «parce qu’il s’agit d’une responsabilité collective territoriale qui n’entrait pas jusqu’à présent dans le cadre de leurs missions». Dans nombre de régions, les MG se débrouillent déjà pour offrir une réponse collective aux demandes de soins non programmés, avec des organisations territoriales s’appuyant sur un numéro et une plate-forme pour recevoir les appels, une régulation par des confrères libéraux, une éducation de la population… «Ce déploiement nécessite une valorisation des actes de maintien à domicile. Et il justifie un aménagement des horaires de travail des médecins, avec un élargissement de la permanence des soins le samedi toute la journée et le soir à partir de 18h (…)».
Pour le syndicat, le financement de ces organisations «relève de négociations conventionnelles avec l’assurance maladie et d’une dotation dédiée aux soins ambulatoires dans le cadre de la refondation des urgences». A ce jour, les montants nécessaires à organiser un SAS, avec une régulation, des aménagements horaires, une valorisation des effecteurs [c’est-à-dire les MG de garde, volontaires chez nos voisins, ndlr] … ne sont pas là.
MG France résume la situation par l’expression marché de dupes. Il appelle les autres syndicats à rallier, dès début 2020, le mouvement de fermeture des cabinets le samedi. Qui préfigure d’après lui ce qui va arriver si les MG ne reçoivent pas les moyens de leur mission.
Interne exploité, patient en danger
Cette protestation démarre alors que l’Isni, principal syndicat des internes, appelle à une grève illimitée à partir de ce 10 décembre. En cause? Globalement, la dégradation de la qualité des soins; plus précisément, des conditions de travail infernales à l’hôpital. Soudés derrière le slogan «interne exploité, patient en danger», les jeunes revendiquent l’amélioration de leur statut de praticien en formation, ce qui passe entre autres par un décompte du temps de travail et un paiement des heures supplémentaires.