Lors du récent Congrès de médecine générale à Namur, l’un des thèmes abordés portait sur la responsabilité sociale en santé. Experts et praticiens ont échangé sur les attentes envers les généralistes et les moyens de les accompagner dans cette mission, perçue tantôt comme un fardeau, tantôt comme une opportunité.
Le concept de responsabilité sociale s’est progressivement élargi vers celui de responsabilité sociale en santé. Face à ce développement, on a pu constater que diverses initiatives ont émergé pour répondre à la nécessité d’une approche coordonnée et intégrée, impliquant tous les acteurs du domaine de la santé. Parmi ces initiatives, le RIFRESS (Réseau international francophone pour la responsabilité sociale en santé) se distingue comme une plateforme cruciale proposant « un lieu commun d’échange et d’action ». Les experts y soulignent qu’« être un médecin engagé en responsabilité sociale en santé n’est pas un état statique, mais un processus continu d’amélioration et d’adaptation. »
Pour la Dr Ségolène de Rouffignac, du Centre académique de médecine générale (CAMG, UCLouvain), « avant toute chose, il faut avoir conscience qu’on nous demande déjà beaucoup de choses comme médecin généraliste. D’ailleurs, certains médecins ne souhaitent pas endosser cette responsabilité supplémentaire, d’autant qu’on ne leur donne pas les moyens de le faire. »
Être dans l’action
Cette responsabilité peut donc apparaître comme un poids pour certains généralistes. Pourtant, elle possède aussi des vertus : « Cette question a été abordée au travers du vécu de la pandémie de Covid par certains assistants en médecine. Il a pu être remarqué que ceux qui avaient une réflexion et une action en matière de responsabilité sociale ont moins souffert durant cette période. On constate donc que cette responsabilité n’est pas nécessairement un poids supplémentaire sur les épaules… si le médecin peut être dans l’action. »
Améliorer la formation des médecins
Aujourd’hui, les cinq principaux acteurs de la responsabilité sociale en santé sont les décideurs politiques, les gestionnaires de la santé, les professions de santé, les institutions universitaires et les communautés ou la société civile. Ils doivent agir en partenariat. « L’université se limite souvent à “bien” former les médecins sans s’intéresser à leur devenir dans la société. Le Centre académique de médecine générale, conscient de sa responsabilité sociale en santé, tend à intégrer cette réflexion dans ses rôles de formation, de recherche et de services. Ainsi, le CAMG est soucieux de former les étudiants en adéquation avec le contexte sociétal. »
Les professionnels de santé devraient donc davantage s’interroger sur les défis, notamment en termes de mondialisation, de contraintes économiques, de préservation de l’environnement, de vieillissement de la population, de marginalisation de certains groupes de population et de développement technologique. Il y a toutefois des limites : « Il convient de répondre avant tout aux besoins prioritaires en santé. À titre d’exemple, l’écologie en santé et le développement durable sont des thématiques qui ne sont pas prioritaires dans tous les pays en fonction des urgences en santé. »
L’intérêt de chaque acteur
Dans ce débat, le Dr Paul De Munck (GBO), intervenant lors du Congrès de médecine générale, voit « des médecins curieux qui s’interrogent : “Quelle est ma responsabilité comme médecin ?” Il faut donc un vrai travail d’éclaircissement et mener un travail intra-universitaire au niveau de tous les médecins et pas uniquement avec les généralistes. Après, une réflexion doit être portée au niveau des GLEMS, des syndicats mais aussi de toutes les composantes du Collège de Médecine générale. Chaque organisation peut réfléchir à la manière dont elle peut être plus responsable en termes d’organisation. Par la suite, cette responsabilité doit aller vers les responsables politiques mais aussi vers les usagers de soins, les institutions sanitaires et publiques comme l’AVIQ… »