L'Inami a annoncé les résultats des élections médicales 2018. Pour les spécialistes, l’ABSyM-BVAS a acquis 84,29 % des voix, le Cartel (ASGB-GBO-MoDeS) 11,90 % et l’AADM (Alliance Avenir des Médecins) 2,72%. Pour les généralistes, l’AADM 34,41%, l’ABSyM-BVAS 24,61.% et le Cartel 40,11%.
Le tableau ci-dessous indique clairement ce que cela signifie en termes de répartition des sièges au sein de la Medicomut (comité des caisses d'assurance maladie), l'organe consultatif le plus important.
Répartition des sièges dans le Medicomut (2018 en gras): comparaison avec 2014
% de votants | Votes des généralistes | Votes des spécialistes | |
ABSyM-BVAS | (55,2) (57,81%) | (1) (2) | (5) idem |
Cartel (ASGB-GBO-MoDeS) | (22,4) (24,42) | (2) (2) | (1) idem |
AADM | (20,7) (16,78) | (3) (2) | (0) idem |
Invalide | (1,7) | (1,3) | (2,0) |
> Cliquez ici pour découvrir tous les chiffres
Participation trop faible: le bug informatique
Au-delà des résultats, pour Jacques de Toeuf, vice-président de l'ABSyM, la faible participation est un problème à résoudre: «Un si faible pourcentage (28%) est une catastrophe. Le bug informatique y a joué un rôle majeur. A cela, s'est ajouté plusieurs pannes que des médecins nous ont signalé. Enfin, on ne peut oublier que, comme nous l'avions dit déjà l'année passée, 15% des médecins (plus âgés ou occasionnels principalement) n'ont pas de connexion électroniques. Sans oublier des erreurs de la poste. En additionnant tous ces contretemps, le vote n'a jamais été aussi bas.»
Une chute qui s'explique aussi pour lui par «le repli individuel du corps médical qui est une réalité. Le médecin n'a plus confiance dans les représentativités collectives. On a souvent eu des messages, 'vous voulez que je vote mais cela ne change rien'. Aujourd'hui, les corps intermédiaires sont mal vus.»
L'un des enseignements majeurs à tirer de ces élections est sans conteste la majorité absolue dans la médicomut (7/12) retrouvée pour l'ABSyM. Jacques de Toeuf s'en réjouit:«Cela va nous permettre d'avoir plus de poids et de mieux défendre nos réformes dans des dossiers comme les forfaits des généralistes et d'autres. Je n'ai toutefois pas de volonté d'agir 'minorité contre majorité'. Je veux un dialogue pour que l'on s'entende sur les évolutions afin que nous ayons aussi plus de poids ensemble. Cela rétablira également le rapport de force avec les mutuelles.»
Il analyse le vote: «On voit que les généralistes ont voté plus que les spécialistes. Ils sont moins désabusés. Ceux qui font des actes techniques nous ont dit 'on ne vote pas cela ne sert à rien'. On va devoir mieux communiquer pour les spécialistes et les généralistes sur les évolutions de la médecine.»
Enfin, il est évident que ce résultat aura un impact financier.«On va perdre de l'argent. Si on avait obtenu des scores identiques à la fois passée, avec le prix par voix, on a analysé qu'on perdait à peu près 120.000 euros. On perdra moins mais on ne sait pas encore combien», précise-t-il.
Pour Paul De Munck, Président du GBO, le constat est partagé: «Cette participation de 23% est une catastrophe. Nous avons fait 50.000 envois. Évidemment, ils ne sont pas tous des médecins actifs. Mais le bug informatique a joué un rôle indéniable.»
Le Dr Roel van Giel (AADM) est également déçu, comme les autres représentants des médecins, du faible taux de participation. Pour lui, le risque est à présent, pour les organisations, de se voir reprocher le fait que les syndicats sont trop peu représentatifs lors des prochaines discussions importantes. Au vu des résultats, il pointe aussi «le siège supplémentaire chez les généralistes» qui bénéficie à l’ABSyM alors que le Cartel gagne «beaucoup de votes».
De son côté, Marc Moens, à la suite de la publication des résultats, ne se voulait pas trop négatif. Pour lui, même si moins de confrères ont voté, les médecins aspirent encore à voir leurs représentants peser sur les décisions. Il attire toutefois l’attention sur l’importance pour eux de faire appel aux jeunes dans les prochains mois. Marc Moens, par ailleurs, ne pense pas que le problème central du faible taux de participation ait été le nombre de médecins votant potentiellement (plus de 50.000) par rapport aux médecins réellement actifs.
Derniers commentaires
Jean CREPLET
04 juillet 2018Le faible taux de participation confirme le désenchantement du vote constaté dans toute la société. De toute manière, c'est toujours un petit nombre qui fait bouger les choses. Pour le résultat de l'ABSyM-BVAS, une explication positive est la suivante: un travail en profondeur sur des thèmes rassembleurs et constructifs. Reste maintenant à poursuivre le chemin vers une nouvelle culture des rapports de savoir et de pouvoir dans les soins de santé, des rapports tellement humains en somme. Tout cela dans un contexte qui nous incite à changer, à innover pour mieux rendre service aux malades. Dr Jean Creplet.