Médicaments pour l’usage palliatif: une résolution qui déçoit côté wallon

Début juin, la Commission Santé de la Chambre avait voté une proposition de résolution poussant le gouvernement à agir en matière de transport et de stockage des médicaments spécifiques au suivi des patients palliatifs. La version finalement adoptée en plénière fait fi des assouplissements demandés à la suite d’une vaste concertation avec le terrain, regrette la Fédération Wallonne des Soins Palliatifs (FWSP).

Le but poursuivi par la proposition de résolution était d’assurer que les infirmiers des équipes multidisciplinaires de soutien à domicile puissent disposer plus rapidement des produits nécessaires à leur pratique, ce qui passait par une révision de la liste et de la quantité des médicaments et matériels obligatoires dans les pharmacies ouvertes au public. L’idée était de mieux répondre aux situations d’urgence en soins palliatifs, y compris celles nécessitant une sédation.

Durant les travaux parlementaires, des amendements avaient été déposés par les députées Catherine Fonck (cdH), Muriel Gerkens (Ecolo-Groen) et Véronique Caprasse (DéFI), s’appuyant sur une concertation menée entre les différentes unions de pharmaciens et fédérations de soins palliatifs des trois régions. Considérant que les réponses à apporter n’étaient pas identiques au nord et au sud du pays, ces amendements tendaient à l’établissement d’un cadre large (afin que tous les acteurs s’organisent au mieux en fonction des caractéristiques locorégionales) et non contraignant. C’est ainsi qu’il était suggéré de prévoir la possibilité – et non pas l’obligation – de mise en place de kits d’urgence au sein des équipes multidisciplinaires d’accompagnement, pour que ce mode de fonctionnement relève in fine du libre choix des associations.

Douche froide pour la FWSP à la lecture de la résolution adoptée en plénière, le 23 juin: le texte final est plus concis et «ne reprend pas tous les termes qui avaient été acceptés de part et d'autre [entre fédérations régionales et pharmaciens, ndlr] et qui équilibraient les positions de chacun». La résolution renvoie aux enseignements tirés d’un projet pilote actuellement mené en Flandre et insiste pour que les Communautés adjoignent un pharmacien à l’équipe d’accompagnement multidisciplinaire. Les participants à la concertation auraient souhaité, en sus, que le pharmacien de famille soit informé du statut palliatif du patient afin de compléter son stock pour anticiper une urgence, au minimum, de jour, et que le recours aux kits (dont la possession peut entraîner des problèmes d’insécurité pour les infirmiers) soit juridiquement limité aux situations exceptionnelles où la voie d’approvisionnement classique, en officine, est impossible.

La patte souveraine de l’Open Vld?

Muriel GerkensLa FWSP dit regretter que «la réalité des équipes de soutien wallonnes n'ait pas trouvé une oreille attentive auprès d'une majorité de parlementaires». Elle promet de relayer à nouveau leurs préoccupations quand le gouvernement analysera la problématique. Dans les colonnes de Vers l’Avenir (*), Muriel Gerkens déplore vivement que ce soit la version poussée par l'Open Vld [le parti de Maggie De Block, pour rappel] et calquée sur l'expérience flamande qui ait été votée par la majorité au parlement. Leur vision est «forcément la meilleure», ironise la députée écolo qui rapporte que «déjà en commission, la représentante de la ministre de la Santé n'avait même pas fait l'effort d'aller voir les propositions faites par le terrain».

 

(*) Soins palliatifs: les kits d’urgence, une solution unilatérale, A. Wolwertz, Vers l’Avenir, 2 juillet 2016.

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