Soins intégrés: "les patients ne tirent aucun avantage de ces projets" (ABSyM)

Le Comité de l'assurance de l'INAMI a donné son feu vert, lundi 11 juillet, à la poursuite de 12 projets pilotes locaux de soins intégrés qui ont débuté en 2018 et devraient se terminer à la fin de cette année. La discussion sur les projets a duré une heure et demie et les commentaires négatifs ont été très nombreux. L'ABSyM est convaincue qu'aucun patient n'en tirera profit.

Pourtant, la réunion était à peine terminée qu'elle était suivie d’une pluie de bonnes nouvelles du ministre Frank Vandenbroucke, qui s'est réjoui de ce que « les soins intégrés s’ancrent encore davantage dans le système belge des soins de santé. »

Pour l'ABSyM, en agissant ainsi, Vandenbroucke fait une entorse à la vérité. "Un examen plus approfondi des 12 projets pilotes révèle que 21.955 patients chroniques seulement y sont repris. Sur une population de 11,5 millions d'habitants, cela ne représente que 0,19%, alors que des recherches ont montré que 29% des Belges de plus de 15 ans disent souffrir d'au moins une maladie chronique. Le nombre de patients chroniques inclus dans les projets pilotes est donc dérisoire par rapport au nombre total de patients chroniques en Belgique."

Le coût par patient chronique inclu varie de 2.498 euros dans le projet pilote le plus cher (Boost à Bruxelles) à 60 euros dans le moins cher (Zorgzaam Leuven). "Le projet le plus cher est donc plus de 40 fois plus coûteux par patient que le moins cher" constate le syndicat de médecins. "On ne peut que spéculer sur les raisons. Il n'est fait mention nulle part d'une évaluation des projets. Nous ne pouvons pas déterminer si un seul patient diabétique a bénéficié d'un projet pilote. Nous ne savons pas non plus si un seul patient traité contre un cancer a pu reprendre le travail plus rapidement."

Alors qu’à l’origine, ces initiatives étaient censées s’autofinancer, par une réduction des dépenses et des gains d’efficacité, le ministre Vandenbroucke admet lui-même que cette idée a été progressivement abandonnée et « que ces projets avaient besoin de moyens financiers pour pouvoir lancer des initiatives innovantes. » Il semblerait donc au contraire que les projets coûteront plus cher qu'ils ne rapporteront jamais. "On exige du financement à l’acte qu'il soit efficace, et ce à juste titre. Il est pour le moins étrange que la même exigence d'efficacité soit jetée aux orties pour le financement de projets aussi vagues et indéfinis."

Selon le ministre Vandenbroucke, les projets sont nécessaires parce que les soins aux malades chroniques sont perçus aujourd’hui comme « très impersonnels ». Il l’attribue au fait que tous les prestataires de soins « interviennent séparément, sans vraie coordination et souvent payés à l’acte. » "Ceci est en contradiction flagrante avec la réalité du terrain" dénonce l'ABSyM. "Le fait que le ministre ressente le besoin de faire un pied de nez à tous les médecins et prestataires de soins de santé qui travaillent principalement à l'acte est une honte."

"Contrairement à ce que suppose Vandenbroucke, les soins chroniques sont généralement perçus de manière très personnelle" poursuit le syndicat, "notamment par les patients chroniques eux-mêmes, qui se sentent entourés d'un petit groupe de soignants proches, avec lesquels ils se sentent en sécurité et en de bonnes mains."

Pour le Dr Johan Blanckaert, Président de l'ABSyM, la conclusion est limpide : l'ancrage des soins intégrés est un détour coûteux pour minimiser ou éliminer le paiement à l'acte. Qu'un seul patient tire profit de ces projets pilotes n'intéresse guère le ministre Vandenbroucke, tant qu'ils correspondent à son concept idéologique rigide. En tout cas, l'ABSyM s'oppose à un déploiement national de ces projets pilotes locaux.

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