Droits procréatifs et reproductifs : des Droits humains !

Le Dr Sam Ward est urologue à la Clinique St Jean à Bruxelles. Il est aussi depuis le mois de janvier membre du comité exécutif de la Chaire UNESCO Santé sexuelle & Droits humains. Il tient à partager le plaidoyer que la chaire UNESCO vient de publier concernant l'annulation par la Cour suprême des États-Unis de l’arrêt Roe c. Wade de 1973 qui garantissait le droit constitutionnel à l’avortement.

En 2018, le comité des droits de l’homme des Nations Unies dans ses observations sur l’article 6 du Pacte international relatifs aux droits civils et politique concernant le droit à la vie consacre le droit à l’avortement comme un droit humain. Il précise que les États doivent fournir un accès à l’avortement sécuritaire, légal et efficace pour protéger la vie et la santé de la femme enceinte et aussi lorsque pour elle, mener la grossesse à terme engendrerait une souffrance ou une douleur considérable.

Les États-Unis ont par ailleurs ratifié le Pacte international relatifs aux droits civils et politique en 1992.

L’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et génésique (UNFPA) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne que 45% des avortements pratiqués dans le monde sont considérés comme « non sûrs » faisant de l’avortement une cause principale de décès chez les femmes enceintes.

La Cour suprême des États-Unis a annulé l’arrêt Roe c. Wade de 1973 qui garantissait le droit constitutionnel à l’avortement laissant désormais chaque état américain libre d’autoriser ou d’interdire l’IVG. Treize États disposent de lois dites « de déclenchement », prêtes à entrer en vigueur. Ainsi l’accès à l’avortement peut être soit sévèrement limité, voire interdit, les seules exceptions étant un risque pour la santé de la mère, et seulement dans quelques états, le viol ou l’inceste. Ces lois sont fondées sur des idées qui n’ont pas leur place au XXIe siècle. Elles supposent que les femmes, dès le moment de la fécondation, renoncent à tous leurs droits de décider de l’avenir de leur grossesse. Ces dernières perdent ainsi le droit à la vie privée en lien avec l’autonomie reproductive.

Les conséquences sont plus qu’alarmantes, dans un pays qui a déjà les taux de mortalité maternelle les plus élevés du monde industrialisé. Les populations les plus touchées sont les classes les plus pauvres, dans lesquelles les taux d’IVG sont les plus élevés (24 pour 1000 chez les afro-américaines alors qu’il est de 12 pour 1000 en moyenne, aux EU en 2019) et où l’on trouve en proportion plus élevée des femmes de couleur.

Cette vague de conservatisme pourrait s’étendre dans certains Etats à l’interdiction de la pilule abortive, de l’information sur l’avortement, la contraception, l’orientation sexuelle, mais aussi à remettre en cause d’autres lois acquises telles que les relations sexuelles entre personnes de même sexe ou certaines pratiques sexuelles même quand elles sont consenties ou la fécondation in vitro.

Les actions d’éducation et de formation, les publications et les communications internationales de la Chaire UNESCO Santé sexuelle & Droits humains depuis sa création en 2010, abordent les différents liens entre santé sexuelle et Droits humains et promeut le respect des Droits humains comme une composante de la santé sexuelle et de la santé en général.

La Chaire UNESCO Santé sexuelle & Droits humains :

Rappelle que l’accès à un avortement sûr, légal et efficace est fermement ancré dans le droit international, qu’il est une priorité dans la voie vers l’autonomisation des femmes et des filles, et dans leur capacité à faire leurs propres choix concernant leur corps et leur vie, sans discrimination, violence ou coercition.

Condamne ces atteintes aux droits sexuels et génésiques qui privent ainsi les personnes les plus défavorisées, les plus jeunes, les plus désespérées, les plus pauvres, de l’accès aux soins, à la santé, et au bien-être, renforçant ainsi les inégalités dans le monde.


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