En plein crise du Coronavirus, le service de contrôle de l’INAMI ne trouve pas mieux que d’imposer aux hôpitaux une charge administrative supplémentaire totalement imprévue. Les hôpitaux ont été avisés par courrier de transmettre des listes de consultations, d’admissions et d’interventions alors que les médecins se donnent à fonds pour freiner l’épidémie au Covid-19 et se préparent, en même temps, à rouvrir les soins non-urgents. "Cette méfiance de la part du Service de contrôle est déplacée et contre-productive" dénonce l'ABSyM jeudi dans un communiqué
Depuis le 14 mars dernier, il a été demandé aux hôpitaux de reporter « toutes les consultations, examens et interventions non essentiels ». La notion de « non essentiel » n’a jamais été définie par le Gouvernement, elle a été laissée à l’appréciation des médecins. Une liste exhaustive de ces prestations n’a jamais été établie non plus.
Un courrier du Service d’Evaluation et de Contrôle Médical de l’INAMI (SECM) a été envoyé hier aux directeurs médicaux des hôpitaux du pays en leur demandant de transmettre un récapitulatif de l’ensemble des opérations, admissions dans les hôpitaux de jour, procédures de gastro-entérologies, examens d’IRM ...
Les directions médicales disposent pour cela d'un maximum de 48 heures. Le courrier est signé par le docteur inspecteur général Didier Renauld.
Il a également été annoncé que des contrôles seraient effectués sur place. Entre-temps, cela s'est fait selon l'équilibre communautaire habituel: la clinique Saint-Luc à Bruxelles (UCL) et la clinique Sint-Lucas à Gand ont reçu une visite de l'inspection. Elle a vérifié les dossiers pour voir si les patients avaient besoin de soins médicaux urgents.
Si l’ABSyM comprend et soutient l’importance d’avoir limité l’activité des hôpitaux aux actes médicaux essentiels et de continuer à le faire jusqu’à ce qu’un plan rapide de reprise des activités médicales pour les soins non-urgents soit mis sur pied, elle s’oppose à la démarche demandée dans ce courrier et ce, pour deux raisons :
"Cette demande entraîne un travail administratif colossal pour les directeurs médicaux qui sont déjà surchargés en raison de la pandémie au COVID-19. Pourquoi faut-il leur ajouter une charge de travail supplémentaire d’une tâche administrative totalement imprévue ?" se demande le Dr Philippe Devos , Président de l'ABSyM
Cette charge administrative retombe également sur les médecins hospitaliers qui, à la demande de leur direction médicale, doivent de toute urgence dresser un inventaire de leurs prestations " alors qu’ils ont à peine le temps de faire face à cette situation de crise."
Par ailleurs, l’ABSyM trouve préoccupant de devoir transmettre ces informations au SECM. Le Service de Contrôle de l’INAMI vérifie si les médecins commettent des irrégularités ou des fraudes. Nous nous demandons sur quelle base les inspecteurs de l’INAMI jugeront ce qui est essentiel ou pas.
Pour l’ABSyM, il est clair que si le directeur médical estime qu’une prestation est essentielle, elle est l’est. Il serait inacceptable qu’un médecin s’expose à des poursuites pour fraude alors qu’il a jugé sa prestation essentielle. Alors que le Gouvernement n’a fourni aucune liste.
"Le ton accusateur et intimidant de la demande du Service de Contrôle est tout simplement déplacé et contre-productif. Il faudrait, au contraire, saluer brillamment la manière dont les médecins intra et extra-hospitaliers ont mis en danger leur vie et leur santé dans cette lutte contre le Coronavirus." rappelle le Président de l'ABSyM
Pour le moment, et dans les jours et les semaines à venir, les médecins et les hôpitaux devraient pouvoir se concentrer entièrement sur la préparation du redémarrage des activités médicales. L’ABSyM déplore les soupçons sous-jacents du Service du Contrôle et demande l’ annulation immédiate du courrier.
L’ABSyM appelle à un dialogue constructif "pour accorder la vision du Gouvernement à celle de la réalité du terrain." conclu Philippe Devos .